BLITZ!

LES CHRONIQUES D'HYPNAS
BLITZ! - Numéro 44

Plomb - Bright Life – 2022

Plomb, Bright Life

Depuis le premier EP début 2017, Plomb s’est imposé comme un des groupes Parisiens les plus percutants. Leurs influences et ils les revendiquent haut et fort et sont Crisis, Tunnelvision, Crass ou Flux of Punk Indians.
Alors autant dire que leur son décape sans le moindre compromis. À mon sens Ils fonctionnent comme un groupe Punk. Des titres courts, ça dépouille et pas de prisonniers.
Le titre qui ouvre cet EP permet immédiatement de se rendre compte de cet état d’esprit. En effet « Shitface » appuie direct sur le champignon et on percute un mur sonore plein de hargne et de fureur. Une vitalité et une virtuosité qui ne peuvent laisser de marbre.
On continue avec une rythmique tout aussi frénétique avec le brillant « Bright Life » qui sonne comme un hymne. On est dans l’urgence, c’est brutal, tranchant, clinique mais tellement jouissif et vivant. Totalement imparable !
« You feel so lonely » démarre comme une alarme qui laisse présager d’un cataclysme imminent. Encore une fois on est emporté par ces climats rugueux et abrasifs. Impossibilité totale de rester amorphe avec la puissance sonore développée. Cela débouche les neurones et on en redemande !!!
Un final en beauté et en force avec « Alarm » avec ce chant masculin et féminin parfaitement dosé et qui finit par vous coller au plafond. Un tourbillon sonore ultra addictif. C’est brillamment fait. Comment ne pas être enthousiaste à l’écoute de cette injection pleine d’intelligence, d’ingéniosité et de dextérité ?

Alors n’attendez plus et offrez-vous au plus vite cette braise palpitante !!!
LIENS :
https://plomb.bandcamp.com/album/bright-life
https://www.facebook.com/plomb.band/
plombband@gmail.com

THEN CAME THE RAIN – Ravage – 2022

THEN CAME THE RAIN, Ravage

Nouvel et second album pour cet artiste unique qu’est Nicolas Albin. C’est un artisan qui ne cesse d’avancer, de progresser en peaufinant toujours ses compositions tel un orfèvre. C’est raffiné et élégant. La séduction opère plus que jamais.
On débute cette odyssée Coldwave avec le délicat « Ghost Fire » qui permet en envol tout en douceur comme dans un cocon ouateux. Les yeux se ferment et on se laisse transporter avec un bonheur non dissimulé. Tout s’apaise et l’imagination ne cesse de se répandre dans un flux continu.
Cela continue avec « Convulsions » qui emmène l’auditeur encore bien au-delà de ce que l’on peut illusionner. On est enroulé dans un spleen délicat et envoûtant. La voix de Nicolas est plus profonde que jamais. Un océan de délicats mets sonores s’ouvre...
On atteint le céleste que l’on pensait si loin et abstrait tout au long de cet « Afterworld » ciselé avec maestria. Fusion mélancolique et mélodie tout en subtilité. Un pur bonheur.
Le charme devient encore plus intense et prenant car absorbé par un « Shock Doctrine » qui ne peut que séduire les derniers réfractaires. Tout est pur et cristallin. On continue de se laisser bercer car on a lâché prise depuis longtemps. Une grande froideur surgit mais elle n’inquiète pas pour autant. L’osmose est établie alors inutile de se poser encore des questions. Certes la voix de « Everything's Gone Black » est plus sépulcrale mais pas très longtemps. Le périple continue de plus belle.
« Fishtank » est une nouvelle porte qui s’ouvre sur un univers encore plus vaste et les mots sont comme une suite de guides pour nous montrer tous les chemins que l’on peut emprunter. Ils sont innombrables et tous irrésistibles. On évolue dans un monde de finesse qui libère La peine des souvenirs.
Alors une ode atmosphérique vient se poser dans ce lieu apaisé. Tout n’est qu’harmonie grâce à « No Western Skies » qui dilate l’espace et le temps. On se délecte et les douleurs deviennent saveurs. Les soucis sont si lointains, d’ailleurs ce terme perd toute signification maintenant que tout a recommencé. Plus question de rebrousser chemin alors que la plénitude est là.
Une magnitude synthétique et frappante vient muscler en douceur la sérénité de cette douce amertume sans pour autant perturber l’équilibre parfait. Alors on savoure sans aucune modération le magnifique clair-obscur de « Shining Darker ».
Alors que l’horizon commence à se profiler, Nicolas opte pour un chant en français. Une transition qui ne provoque aucune rupture bien au contraire. Le phrasé apporte une approche toute aussi poétique. Cet « Hipparque » est une étincelle noirâtre qui apaise l’âme. Une splendeur totale.
L’arrivée se fait avec majesté et justesse dans une ambiance éthérée avec l’instrumental « Lethe » qui nous plonge dans un étrange souterrain humide tout en légèreté.

Il y a des albums que le temps n’altère pas et que l’on sait dès leur sortie qu’ils sont fait pour durer longtemps, longtemps sans prendre de rides et indubitablement « Ravage » fait partie de ceux-là.

Alors ne passez surtout pas à côté de ce chef-d’œuvre !!!
LIENS :
https://thencametherain.bandcamp.com/album/ravage
https://www.facebook.com/thencametherain/
https://soundcloud.com/thencametherain
https://www.youtube.com/channel/UC2nqD6fnZq_nrwYRVvn74lQ

SPIRYT - Blood Twins – 2022

SPIRYT, Blood Twins

Provenant de Toulon, jluc Courchet a créé ce projet, sombre et froid saupoudré d’une mélancolie ou il fait bon se répandre, en 2018. Bien que l’on ressente les racines Coldwave de l’artiste, il a étoffé ses sonorités, a trouvé des idées fortement captivantes et originales pour se démarquer et ainsi innover. Un travail récompensé pour un album de tout premier ordre. De plus sur ce nouvel opus vient se poser une voix absolument divine en la personne de Kimberly.

L’odyssée débute avec un « In Cold Blood » aérien qui immédiatement capte l’attention. La voix s’envole en envoûtant l’esprit et l’on comprend que le voyage va être un délice.
Doucement se profile le remarquable « A Speck Of Light », un titre intense et profond. On se sent davantage happé par ce mélange de douceur et de hargne qui ne peut que séduire. Splendide !
L’aspect romantique se renforce avec « V » et sans un instant tomber dans le mielleux. Bien sur la présence du piano augmente ce sentiment mais Kimberly fait vibrer la colonne vertébrale et envoie un tourbillon de frissons. Que de force et d’émotions.
« Breathing In Breathing Out » est plus tourmenté. C’est comme une plaie de tristesse ouverte. L’esprit chavire et se retrouve ballotté par la douleur ambiante mais de cette blessure naît la beauté. Pourquoi se débattre alors que l’on ne peut échapper à un désespoir qui se fait lumière en apportant la vérité.
    Céleste et atmosphérique « Heaven » n’en est pas plus apaisé et la voix de Kimberly encore plus profonde, puissante et ténébreuse. C’est une des forces principales de ce titre qui retourne les tripes. De la souffrance naît une nouvelle force et on en a là la preuve éclatante.
La torpeur s’efface quelque peu avec « Effigie » qui propose un voyage dans un lointain passé proche de l’antiquité. Un climat plus ethnique et exotique. La température reste glacée mais le dépaysement fait oublier tout cela. Ébourriffant ! L’aspect synthétique présent en filigrane depuis le début explose à l’écoute de « Perturbation ». Les pulsations s’accélèrent tout comme ce morceau plus énergique sans être pour autant spécialement dansant. De nouvelles portes s’ouvrent et de nouvelles saveurs sonores embellissent davantage ce monde décidément passionnant.
Freinage sensoriel et plénitude stoppe cette frénésie avec le somptueux « Paradoxe ». Impossible de ne pas se laisser porter par cette ineffable et imparable délicatesse qui enrobe l’auditeur. Beaucoup de justesse et d’intelligence. Un désir puissant que rien n’arrête ce bien-être. Une totale réussite.
Intro légèrement martiale pour une sorte de petite comptine accompagnée au violon et d’une voix que l’on sent totalement maîtrisée qui semble vouloir retenir et tout faire pour ne pas se faire oublier. D’ailleurs cela est impossible avec « Enter The Dream ». La séduction s’est opérée.
Pour refermer cet album riche et passionnant, « The Poison » est un choix parfait. On perçoit comme un murmure aussi bien instrumental que vocal. Terriblement subtil et élégant jusqu’à la dernière note. Grandiose !

jluc Courchet cultive son côté atypique grâce à un savoir-faire qu‘il vous faut découvrir si ce n’est déjà fait. De plus l’époustouflante Kimberly fait plus que poser sa voix, elle apporte une sensibilité et une grâce totalement irrésistibles.
Alors vous savez ce qu’il vous reste à faire et sans délai !

LIENS :
https://spirit5.bandcamp.com/album/blood-twins
https://www.facebook.com/people/The-Spiryt-page/100043515737250/

The Bitter Ends - Season of Discontent – 2022

The Bitter Ends, Season of Discontent

Premier EP pour ce trio, originaire de l’Oregon, qui laisse penser à l’écoute de ce 4 titres qu’ils ont chacun une expérience musicale plutôt solide.
La preuve avec ce solide et percutant « Death Shrouds » qui ouvre avec une rythmique musclée, une basse intense, une guitare qui s’insinue toujours avec précision et une voix auquel il est difficile de ne pas accrocher. On peut percevoir une légère influence des Stranglers. Splendide mécanique.
Plus atmosphérique en étant toujours aussi tonique, « Deep-Buried Room » est une totale pépite sombre. Beaucoup plus d’effets avec des souffles, des voix et des cris qui propulsent l’auditeur dans un tourbillon sonique renversant. La guitare fait à nouveau des étincelles. Remarquable !
On sent toujours nettement une maîtrise énorme avec l’étourdissant « Misery (I Rage) » qui se permet encore plus d’audace. L’esprit oscille entre l’intensité de Bauhaus et les flamboyants Chameleons. Absolument impossible de se lasser.
L’atterrissage se fait plus dans la mélancolie et le souvenir. La voix de Pete Norman est poignante pour ce « Her Bright Smile Haunts Me Still ». On survole les landes écossaises (étonnant pour un groupe américain) avec ce qui ressemble à une cornemuse et des touches sonores assez seventies. Même en étant un peu plus « conventionnel » c’est une puissante émotion qui percute les tympans avec les flots de l’océan en final.
Laissez-vous tenter !!

LIENS :
https://thebitterends-official.bandcamp.com/album/season-of-discontent
https://www.facebook.com/TheBitterEnds.Official/
https://www.instagram.com/thebitterends/

MEMORABILIA - 'S​/​T' CS – 2022

MEMORABILIA, 'S​/​T' CS

Bien qu’il soit originaire de Glasgow on serait bien tenté de penser que ce nouveau groupe viendrait plutôt de Leeds tant on pense aux premiers Sisters Of Mercy/Red Lorry Yellow Lorry. Cependant on est très loin d’un énième clone car cette formation possède une vraie âme et un sens de la composition puissant et addictif.
L’imparable « Act Of Compliance » démarre ce splendide premier EP avec une intro qui chatouillerait n’importe quelle paire de docs. La voix sépulcrale séduit immédiatement par cette authenticité qui caractérise peu de combos influencés par les artistes cités plus haut. L’atmosphère qui se dégage est complètement magique. Un must !
« Moral Agent » permet d’ancrer la tonalité de l’œuvre. On se laisse emporter au refrain qui pénètre les neurones et ne vous lâche plus. Les touches synthétiques apportent vraiment un plus. On retrouve vraiment un état d’esprit que je pensais disparu et qui fait preuve de créativité. Un titre splendide.
La qualité ne baisse pas (bien au contraire) avec ce « Entropy » terriblement sombre et incisif. La basse en impose, la rythmique décape et ne rate personne, la guitare déploie ses ailes. Ultra efficace.
On referme ce premier chapitre en douceur avec le planant « In Water » ou une sombre quiétude vient vous enrober, comme la nuit qui tombe et annonce l’apaisement. Une voix féminine vient faire des incursions pour accentuer cette tranquillité. Une merveille !!

À découvrir vite si ce n’est déjà fait !

LIEN :
https://unwoundrecords.bandcamp.com/album/s-t-cs-5

                               

Gallow’s Eve – Five Hexes – 2022

Gallow’s Eve, Five Hexes

Nouveau trio gothique qui arrive tout droit de Suède. Un son musclé et nerveux. Des gaillards qui veulent aller loin et qui s’en donnent les moyens. C’est très prometteur. Ce premier EP en est la preuve éclatante.
Dès les premières mesures de « Death Magic » on sent nettement que le groupe ne compte pas faire de la figuration. Une énergie fulgurante qui cogne fort avec une voix éclatante et décidée. Un éblouissement total. Un uppercut sonore qui dépouille et fait un bien fou.
Pas de répit avec un « Darker Than Black » qui déploie ses ailes pour démontrer avec ampleur l’étendue de ses capacités. Beaucoup de force mais aussi une sombre poésie. Il se dégage une énergie étincelante qui monte vraiment très très haut.
Le groupe continue de démontrer son talent et toujours d’une manière très musclée avec un « Born To Die » décidé et agressif. Totalement ébouriffant !!
Plus de retenue (même si cela paraît compliqué pour le combo) et d’amertume dans « Autumn Falls ». Des gouttes de pluies parsèment ce titre profond et émouvant. La force tranquille dévoile un autre aspect avec cette mélodie ponctuée de notes de piano qui accentue le sentiment de tristesse. Grand titre !
Fermeture des portes en beauté totale pour nous donner envie de réécouter le tout. L’éblouissant « Reign Of Ash » rayonne de d’une rare virtuosité. Puissance et délicatesse s’allient pour nous retourner les tripes.

La beauté dans la noirceur. Chapeau bas !

LIENS :
https://gallowseve.bandcamp.com/album/five-hexes
https://www.facebook.com/GallowsEve
https://open.spotify.com/album/03n2QibV5E6i9fMZbvwwRa
gallowseveband@gmail.com

Fashion Cult - MSG-49 – 2022

Fashion Cult, MSG-49

Assurément un de mes immenses coups de c؞ur de cette fin d’année 2022 pour ce tout nouveau groupe suédois, originaire de Stockholm.
Une première production sous forme de cassette, une manière de faire de plus en plus répandue. On sent immédiatement dans leur Cold/Post-Punk une précision et un raffinement assez unique. J’ai été séduit immédiatement par un background provenant des eighties mais pour un résultat ne faisant pas daté un quart de seconde.
On se fait embarquer avec un intense bonheur dès les premières notes de basses de « Gråa Moln » et cette voix d’outre-tombe totalement irrésistible. Un bel écho pour lui donner un aspect encore plus spectral. La mélodie s’incruste immédiatement dans les neurones et on ne peut que savourer.
Démarrage en trombe avec le tonique « High Street » qui ouvre une avenue pour ce jeu de guitare frénétique qui est une totale invitation à se dégourdir les docs et à mouiller le tee-shirt. Beaucoup de profondeur apportant une dimension totalement folle. Impossible de résister à la magie de ce titre.
Plus classique dans la forme « 4.25 » n’en demeure pas moins un morceau qui dépote et fait bouillonner un univers torturé qui fait remonter par moment à la surface des climats Mancuniens. Sans doute dû à cette rythmique glacée si spécifique.
« Meet » est à mon sens la chanson la plus emblématique de cette première œuvre. On virevolte dans une sorte de brume anthracite qui sied tellement bien à ce groupe. Comme une recette de cuisine ou tout serait dosé à la perfection. Impossible de se rassasier de cette montagne émotionnelle. Un must !
On poursuit avec des tonalités plus sèches mais tout aussi hypnotiques. « Orange June Moon » est comme un survol de contrées vastes et lointaines dépourvues de vie. Malgré cela on ressent un bien-être et une sérénité inattendue.
Avant de refermer ses portes (provisoirement), ce quintet envoie un savoureux et accrocheur « Råttkun » (qui signifie « Reine Des Rats ») qui ne nous donne qu’une envie, celle de réécouter cet EP. Décidément je comprends pourquoi je me suis offert cette merveille sans la moindre hésitation. Le final est hyper bien senti.
Vous l’aurez compris, jetez-vous dessus !!!!

LIENS :
https://fashioncult.bandcamp.com/album/msg-49
https://instagram.com/fashioncultsthlm?igshid=YmMyMTA2M2Y=

Mosina – Destrucción – 2022

Mosina, Destrucción

Tout nouveau trio originaire de Denver dans le Colorado et qui propose un premier EP qui ne peut que retenir l’attention pour tout inconditionnel de Coldwave/Post-Punk. L’accent Latino ajoute un attrait indéniable.
Le ciel se couvre de nuages épais qui enlève la luminosité nécessaire pour se plonger à corps perdu dans le divin « Destrucción » qui fait penser à un album de photos anciennes retrouvé par hasard et que l’on regarderait avec émotion. Par moment on peut penser au groupe hollandais W.A.T de la première moitié des années 80. Un gros flot d’émotions provenant de cette période est assez présente et cela fait un bien fou.
Beaucoup plus d’obscurité avec le fabuleux « Heaven or Hell » qui permet au chanteur de mieux déployer son talent et au groupe d’ouvrir une palette large mais toujours dans les tonalités sombre. Magnifique titre.
Le torse se bombe, les muscles gonflent et les pulsations s’accélèrent pour « Llorar » qui est un enchantement absolu. Très tonique et accrocheur. Un titre qui fait la part belle aux synthés.
« Put It On » incite beaucoup plus à la réflexion et va chercher les sentiments en profondeur. La voix est déchirante et est proche d’une sorte de plainte ou de supplique. Souvent la beauté est dans la tristesse. Magnifique morceau.
Ce premier chapitre s’achève en beauté avec « Respirar » qui est peut-être le titre le plus accessible pour un néophyte sans sombrer dans une facilité commerciale, loin de là. Sur ce titre la guitare prend vraiment son essor.
On en redemande !

LIENS :
https://mosina.bandcamp.com/album/destruccion
https://www.instagram.com/__mosina____/