BLITZ!

LES CHRONIQUES D'HYPNAS
BLITZ! - Numéro 36

Schrödinger – Last Days On Earth – 2020

Schrödinger, Last Days On Earth

Toute nouvelle entité sombre provenant de Mexico pour un premier album 10 titres.
On note immédiatement avec le puissant « Phantom » une étonnante maturité pour un groupe débutant. On accroche immédiatement et on se surprend à avoir des noms qui arrivent à l’esprit comme The Sisters Of Mercy et surtout Clan Of Xymox. Pour autant on est assez loin d’une formation clone comme il y en a tant.
Vient ensuite le bondissant « Bloody Eyes » dansant et délicieusement triste. Une étonnante noirceur dans cette pépite pleine de lumière. Impossible de résister.
« Fallen » est moins aguicheur et on sent une volonté de donner plus de profondeur. La guitare donne le ton et reste la colonne vertébrale du titre. Remarquable.
La visite continue avec le (faussement) sage « Slow Death ». Un début tout en douceur pour faire repartir l’envie de se dégourdir les docs. Une combinaison sonore totalement captivante.
Une rythmique très énergique propulse « Last Night » dans une danse nocturne où se côtoient mysticisme et épilepsie. Une grande réussite.
Démarrage avec des nappes synthétiques (rappelant celles de The Danse Society) et guitare cristalline pour l’étonnant « Visions ». Un titre instrumental où l’on se laisse porter avec une immense délectation. Quelle magnificence !
Beaucoup plus de noirceur avec le quasi-martial « Murder » sans pour autant détonner avec le reste de l’album. On sent le travail, la grande maitrise et également une ineffable ataraxie.
On repart avec l’excellent « Eden », un titre très tonique, assez accessible mais qui reste ultra efficace, un fait qui est plutôt rare. Subtil et envoutant !
Le très entrainant « So Far » est une suite parfaitement logique au titre précédent. Les petites touches électroniques sont plus marquées et la guitare donne une touche et une force assez considérable. Très fort !
« Dying Sun » clôt (trop tôt) ce merveilleux album. Ce second morceau instrumental, tout en douceur et en émotion est une petite perle. Absolument splendide. Un disque à se procurer au plus vite !

LIENS :
https://swissdarknights.bandcamp.com/album/last-days-on-earth
https://www.facebook.com/Schrodingermusic/

The Villions – Memories Of Scent – 2020

The Villions, Memories Of Scent

Nouveau quintet qui nous arrive d’Athènes avec ce premier opus plus que prometteur. C’est grâce à l’excellent label Icy Cold Records que nous pouvons écouter cette merveille Gothique.
L’envolée se fait par une intro d’un peu plus de deux minutes calmes et synthétiques. Délicieuse mise en bouche.
Le départ se fait réellement avec « Lamentation Of Moon ». La voix sépulcrale d’Alx séduit immédiatement par sa force et sa profondeur. Ce titre sonne vraiment comme une invitation.
Une conception plutôt classique pour « Borders Of Reality » mais comme une autre voix apparait par moment, cela donne plus d’impact à cette densité noirâtre.
Climat aérien et voix adoucie pour l’envoûtant « Papers ». Une sorte de rêverie « Dark », beaucoup de douceur et de poésie. Absolument remarquable !
Une grosse énergie structure le brillant « Doubts ». La guitare reste dominante et consolide la colonne vertébrale de ce titre délectable.
Beaucoup de rappels à la grande époque de Merciful Release dans « Medical ». Non seulement dans les intonations mais également dans la ligne de basse. Très efficace.
Ce climat « Eighties » perdure avec l’éblouissant « Cold Weather » et on apprécie de plus en plus les capacités vocales de Alx. Un des meilleurs titres de l’album.
Ambiance romanesque et céleste tout le long de « Sence Of Falling ». Un titre d’une grande sensibilité doublé d’une force tranquille. Assez impressionnant.
« Guns And Children » est une sorte de plainte désespérée. Un chant puissant et déchirant. La mélodie est enivrante et d’une puissance émotionnelle grandiose. Une chanson flamboyante.
On reste dans l’amertume et la brume à l’écoute de « The Last Call ». Un sentiment de solitude et de perdition enrobe l’auditeur. Des souvenirs remontent et se montrent salvateurs. Splendide.
Une sorte de trilogie mélancolique se crée avec le voluptueux et irrésistible « Love And She ». Un titre à savourer la nuit pour en savourer l’atmosphère si particulière. Un délice auditif.
« Fear To The Sea » fait repartir l’album avec une sorte de force tranquille et avec un indéniable savoir faire. Une impression de voir une clarté, un espoir, une vérité.
Titre parfait pour clore un album ce « To The World That Ends ». Ambiance feutrée, des instruments qui s’apaisent et une voix très calme presque murmurée.
Bref, un album fort bien construit, très fluide et mature. À se procurer sans délai.

LIENS :
https://icycoldrecords.bandcamp.com/album/icr050-the-villions-memories-of-scent
https://www.facebook.com/The-Villions-569877146375472/
https://soundcloud.com/geheimnis-records/sets/the-villions-memories-of-scent-2018

Torch – Torch Debut – 2020

Torch, Torch Début

Toute première production pour ce trio originaire d’Aarhus (seconde plus grande ville du Danemark) sous la forme d’une cassette 4 titres.
Les groupes nordiques ont toujours été présents dans la scène sombre, seulement au début des années 80 ils étaient très mal distribués et bénéficiaient de très peu de passages radio et il me semble bien malheureusement que Torch aurait connu des soucis similaires sans internet.
D’ailleurs le son du groupe est imprégné de la Coldwave des années susnommées ainsi que de la scène Synthétique de la même période.
Et il est clair que l’on peut penser aux « poulains » du label marseillais Exil Productions à savoir Local Passion, Closed Session, Corps Diplomatique ou encore Martin Dupont.
On ressent très nettement ces accointances avec le fabuleux « She Will Roam ». La température descend, la basse engage un périple froid bien soutenue par la rythmique. Le chant gémissant renforce l’atmosphère glaciale et pourtant si addictive.
Le trio s’oriente vers des climats nettement plus synthétiques avec une intro quasi EBM sur « Closure » ce qui désarçonne quelque peu. Il reste cependant dans une tonalité polaire mais avec un impact sur la voix qui se fait plus lointaine avec un écho plutôt bien vu.
Retour vers une Coldwave plus « conventionnelle » même si ce terme semble somme toute assez étrange pour « Towers Of Fire ». Une complainte répétitive dans un vertige troublant et maladif. Une vraie pépite blafarde.
« A Lying Man » est un titre assez musclé, avec des paroles plus scandées que véritablement chantées. Il règne des sonorités guerrières, acérées et agressives. On peut penser à l’énergie de L’An III. Vraiment très efficace !!!

LIENS :
https://torchh.bandcamp.com/releases
https://www.facebook.com/Torchband
https://open.spotify.com/album/5p4iFy2ZnQuYAlLOIKhENH?si=IXuJH1uXTHOTevk86sUzzw&fbclid=IwAR0WYVMfXUdmFsaaiLqYmrSyh-fh0HQ42EMHHep54yYIMgEpvC2mIgJ3SAE

The Glass Beads – Therapy – 2020

The Glass Beads, Therapy

Premier album pour ce duo masculin/féminin d’origine Ukrainienne qui propose un univers sombre et mélancolique mais dans le romantisme, la poésie et le raffinement apportant une approche toute particulière de l’obscur.
Une ouverture avec des instruments de musique classique pour donner une sorte de ton solennel. Cette très belle intro porte le nom de l’album.
Des notes douces et claires débutent le curieux « Music Box ». La voix de Marina (qui n’est pas sans rappeler fortement celle de Larissa Iceglass) nous embarque dans une sorte de comptine dont la froidure électrise et rends irrésistible le voyage qui commence. Une très belle entrée en matière.
« Dark Side » sonne comme une suite et rattrape ceux et celles qui n’auraient pas embarqué à temps. Un sentiment de calme et de bienveillance se répand et rend l’aventure encore plus palpitante.
Toujours autant de flegme glacé le long de « Beat It » avec une guitare déployant tout en douceur sa volonté de nous emporter.
Nettement plus ténébreux, « City Of Anger » montre un nouvel aspect de The Glass Beads. Une nappe synthétique se déroule et est d’une grande beauté. De plus en plus fascinant.
Plus d’énergie dans « Nightmare » avec une mélodie entêtante et enivrante. Impossible de quitter cette ambiance, l’envoutement est total.
Une distance se fait avec « Monster » comme si ce titre était une évocation d’un élan douloureux que le duo a vécu, ce qui est tout à fait possible. On ressent beaucoup de pudeur.
Retour du blizzard avec « Hall Of Thousand Fears », si l’atmosphère peut sembler vaporeuse de prime abord ce n’est qu’une astucieuse façade. La lumière traverse mal par la fenêtre et la pluie coule sur les murs gris. Une sensation de dimanche soir, assis sur un sofa avec une faible lampe qui vacille presque comme une bougie. Dans un coin une pendule dont les minutes passent beaucoup plus vite. Un très grand titre !
En commençant au piano « Little Creature » est un rappel à l’intro. La voix de Marina est apaisée et l’aura poétique présente depuis le début de l’album se fait plus intense. Un délice.
Un océan de douceur et de calme caractérise « Room 401 ». On ressent une grande paix intérieure, les cicatrices s’effacent peu à peu et les douleurs du passé se colmatent. De cette sérénité surgit une force obscure certes mais tellement apaisante.
Pour refermer cette œuvre « Not Broken But Confused » est un morceau plein d’assurance et surtout pas de suffisance. On perçoit nettement de la sincérité et de l’authenticité. Brillant !
Donc un album fluide tout en clair-obscur et d’une grande élégance qui est fait pour durer longtemps, très longtemps.

LIENS :
https://theglassbeads.bandcamp.com/album/therapy-2
https://soundcloud.com/the-glass-beads
https://www.facebook.com/theglassbeads/

Morte Psiquica – O Fantasma – 2020

Morte Psiquica, O Fantasma <

Depuis 2016, deux albums et deux EP pour cette formation née a Evora au Portugal.
Un groupe qui avance doucement et qui est loin d’avoir le succès qu’il mérite amplement.
Le voici donc de retour avec un troisième EP qui démontre une fois de plus un remarquable savoir faire avec plus d’assurance qu’auparavant. Les influences eighties sont plus présentes que jamais mais c’est savamment travaillé et magnifiquement construit.
On fait un plongeon direct au milieu des années 80 en se délectant de « Domingo De Primavera » qui est une pièce d’orfèvre. Un titre ultra proche des productions 4AD de cette période et qui oscille entre Dif Juz et Cocteau Twins. Un pur joyau impeccablement maitrisé.
La température descend nettement avec « Ascese ». La voix absolument splendide porte ce titre qui a des accents du compositeur John Barry. C’est assez surprenant.
Délicieuse émanation Coldwave pour le prenant « O Fantasma » qui possède une incroyable force émotionnelle. La encore on entend un très grand talent de composition et un attachement immédiat aux contrées que nous offre ce grand combo.
« Carta Do Panoptico » se veut un peu plus « accessible » sans sombrer dans le racolage car ce n’est pas du tout le style de la maison mais c’est peut-être pour annoncer la couleur du prochain album. Quoiqu’il en soit cela ne gâche en rien le talent intense et immense de cette formation.
À découvrir sans attendre et je recommande plus que vivement de vous procurer la discographie complète de ce groupe qui est à suivre de très près !!!

LIENS :
https://mortepsquica.bandcamp.com/album/o-fantasma
https://www.facebook.com/mortepsiquica/
https://soundcloud.com/mortepsiquica/sets/o-fantasma

Social Station – Social Station – 2020

Social Station, Social Station

Voici un duo qui a vu le jour à Washington D.C avec un single sorti en 2013. Personnellement j’ai découvert ce groupe en octobre dernier grâce à ce second album qui fait donc suite à un précédent opus et aussi un EP et pas moins de six singles. À l’écoute de ce nouveau disque et donc en découvrant l’univers de ces artistes, je n’ai pas pu m’empêcher de m’offrir toutes leurs œuvres. Un coup de cœur absolu.

On navigue dans une Coldwave digérée et remaniée avec des accents Darkwave, le tout savamment dosé. Après de délicates nappes de synthé qui servent d’intro,
Le séduisant « Echo Chamber » capte irrémédiablement l’attention. Le ciel se couvre et l’on rentre en contact avec le son Social Station et cette voix gémissante si particulière. On enchaîne très vite avec le trépidant « Ready To Rewind ». Une basse nerveuse impose une cadence très enlevée qui démontre que les deux protagonistes savent parfaitement nous emmener.
« Hesitate » est un titre qui ressort fortement. L’utilisation différente du synthé pèse pour beaucoup pour ce « Hit » en puissance. Sa douce mélancolie est irrésistible.
Plus de distance et des instruments plutôt en retrait au départ pour s’équilibrer par la suite. C’est une approche ingénieuse pour l’étrange « Awfully Pretty ». C’est vraiment très réussi.
On retrouve une grande énergie avec le vigoureux « Don’t Look Down ». Par moment on peut penser à Red Lorry Yellow Lorry. Court mais ultra efficace !
Restons sur le dancefloor au son de « Try (cross my heart) ». Le duo distille son propos par de petites touches qui non seulement leur donnent une singularité mais aussi nous rends très addict. Très belle contruction.
Un aspect remplit d’émotion tout le long de « Until Today Is Tomorrow ». La guitare déverse ses notes comme des gouttes d’eau. Beaucoup de détresse et de remords, c’est très étrange et communicatif.
Un format plus classique pour « Hands On The Ground ». Ce n’est pourtant pas un titre neutre loin de là mais il ne surprend pas autant que les autres. De très bonne facture quand même.
« Eye The Exit » clôt l’album avec une extrême douceur, une délicate brume synthétique qui est un rappel à la poésie du groupe.
En titre « Bonus », un remix très dispensable d’un titre de 2016 prodigué par Skeleton Hands. Cela détonne complètement et n’apporte vraiment rien. C’est vraiment dommage.
Pour autant ce n’est pas une raison pour ne pas vous procurer au plus vite cet album !

LIENS :
https://socialstation.bandcamp.com/album/social-station
http://socialstation.com/
https://www.facebook.com/socialstationmusic
https://soundcloud.com/socialstation

Swan Wash – The Upstairs Museum – 2020

Swan Wash,  The Upstairs Museum

Excellent trio qui a débuté ses activités à Bloomington dans l’Indiana avec un album en septembre 2019 puis un EP en mai dernier et retour avec ce second EP qui propose un brillant et audacieux Deathrock.
Une référence immédiate saute immédiatement aux oreilles, vous l’aurez deviné : Christian Death, mais le groupe a suffisamment de talent pour savoir écarter cette carte de visite (qui peut être encombrante) pour proposer une approche plus personnelle.
Avec « Dark Water » on est très loin d’être en terre inconnue puisque l’influence citée plus haut. Cela n’empêche pas au trio de tirer quand même son épingle du jeu car c’est réellement percutant.
« The Upstairs Museum » est déjà nettement moins connoté. Les chaînes sont brisées mais l’aspect torturé et décadent restent très présent. Très bon titre.
On décolle vraiment avec le gigantesque « Tavel’s Gavel » et sa rythmique très appuyé et une guitare moins engoncée. Cela donne une puissance énorme et un aspect martial qui est le bienvenu.
Un groupe qui a une grande personnalité et qui je pense va encore évoluer. Il faut garder un œil ouvert pour ne pas manquer la suite.

LIENS :
https://swanwash.bandcamp.com/
https://www.discogs.com/fr/artist/7389809-Swan-Wash
https://soundcloud.com/swanwash