DOSSIER BLITZ! numéro 24
par le Général Hiver
Le post-punk espagnol,
tradition et renouvellement
Lors d´un récent séjour à Madrid, votre serviteur a écumé les boutiques des disquaires indépendants et constaté que nos voisins espagnols sont très créatifs lorsqu´il s´agit des musiques sombres.
Voici un échantillon de quelques formations phares, des années 80 jusqu´à nos jours.
Ce groupe post-punk actif de 1981 à 1983 fut fondé à Madrid par Eduardo Benavente et Nacho Canut, qui jouaient déjà dans le groupe Alaska Y Los Pegamoides, afin de développer des sonorités plus ambitieuses et sinistres.
En 1983 sort l´unique album du groupe, intitulé « El Acto ». Nacho était déjà parti, remplacé par Ana Curra qui jouait dans « Alaska ». En mai de la même année, Eduardo trouva la mort en voiture, de retour d´un concert, et le groupe se sépara.
Les titres que nous recommandons : « Vamos a jugar » et « Autosuficiencia », ainsi que les reprises en espagnol de « Heroes » et « I wanna be your dog ».
Un groupe essentiel de la scène post-punk espagnole des années 80.
En savoir plus : http://lafonoteca.net/grupos/paralisis-permanente/
Agrimensor K n´a connu qu´une brève existence. Fondée à San Sebastián en 1981 par Nacho Goberna (vocaux, guitare), Ignacio Valencia (basse), Juan José Mourlanch (claviers) et José Manuel Gandásegui (batterie), cette formation à la pop sombre compte deux singles à son actif : « Principio y fin » (1982), probablement leur meilleur morceau, et « ¿Juegas al escondite ? » (1983). Goberna et Valencia ont formé plus tard un autre groupe, La Dama Se Esconde.
Formé en 1981, le groupe madrilène Décima Victima (10e victime) avait la particularité de réunir deux Espagnols (Carlos Entrena au chant, José Brena à la batterie) et deux Suédois, les frères Mertanen, qui tenaient la guitare et la basse.
Parfaite incarnation de cette glorieuse période musicale, leur
Sur scène, le groupe se montrait totalement statique, Carlos chantait le plus souvent assis et ses trois complices restaient immobiles.
En 2010, le label Munster Records a publié un coffret qui rassemble au format vinyle les deux albums du groupe
(« Décima Víctima » et « Un hombre solo »), ainsi qu´une compilation de singles et maquettes, intitulée
« Los que faltan ». Un livret inclus rappelle l´histoire du groupe et recense les paroles, pour les amateurs de la langue de Cervantes.
Etant donné la grande qualité de la discographie de
Toutefois, nous mentionnerons les excellents « Sumido en la depresión » et « Detrás de la mirada » comme potentiels vainqueurs de ce concours très subjectif. Parfois, abondance de biens peut nuire.
En savoir plus : http://www.decimavictima.com/
Originaires de Santander, les musiciens de Paralítikos ont commencé à se produire sous le nom de « Vacaciones en Una Silla de Ruedas » (en français, « Vacances en fauteuil roulant ») mais ont adopté leur nom définitif car le public les surnommait « los paralíticos ».
Le groupe a été formé lors de l´hiver 1989 à Santander. Après différents line ups, le duo permanent est depuis 2005
constitué de Ricarditiko Manostijeras (chant, guitare, boîte à ryhtmes) et Elizia Morticia (claviers, churs).
Toujours actif, le groupe a publié son cinquième album, intitulé « Predestinados », en 2016 chez Rumble Records.
Le post-punk teinté de rock gothique de Paralítikos se nourrit d´influences littéraires (Edgar Allan Poe, Bram Stoker,
Charles Baudelaire, Lord Byron, mais aussi le Marquis de Sade), picturales (Salvador Dalí, Caspar David Friedrich) et cinématographiques
(« Le cabinet du Dr. Caligari » par exemple).
Le résultat est très mélodieux et vraiment agréable, comme par exemple la chanson « La senda de los antihéroes »,
disponible sur une compilation :
https://rebelkfest.bandcamp.com/album/04-review-punk
Créé en 2001 à Barcelone, EPM joue un très bon deathrock/batcave tout au long de ses 5 albums. L´influence des films fantastiques est évidente, un peu à la manière d´Alien Sex Fiend, avec des morceaux comme « Doctor Frankenstein » ou « La momia ». Les vocaux sont habités, les mélodies inventives, la rythmique percutante et la provocation fréquente, et ce dès le premier opus, intitulé « De los muertos y sus costumbres » (en français, « à propos des morts et de leurs habitudes »).
Le groupe s´est bien entendu déjà produit sur scène, avec des formations telles que Das Ich, Melotron, Clan of Xymox, Sex Gang Children, Unheilig, In my Rosary, Monster Zoku Onsomb.
À écouter d´urgence :
« Gusanos » sur
https://eyaculacionpostmortem.bandcamp.com/track/gusanos
En savoir plus et commander : https://eyaculacionpostmortem.bandcamp.com/
Nous terminons ce dossier avec un autre groupe basé à Barcelone. Fondée en septembre 2010, l´entité post-punk Belgrado se compose de Renzo Narvaez, Fergu Marquez, Patrycja Proniewska et Jonathan Sirit. Leur répertoire se situe entre Xmal Deutschland et Siouxsie and the Banshees.
Les textes sont écrits soit en polonais, soit en anglais, et les vocaux sont assurés par Patrycja dont la présence sur scène s´avère très efficace. Le groupe dénonce certains maux de notre époque, tels que le fanatisme religieux, le mal de vivre, la guerre et l´oppression sous toutes leurs formes, mais traite aussi de thèmes plus généraux comme la renaissance après une destruction quasi-totale (au sens figuré).
Découvrir : http://belgrado.bandcamp.com/
Leur toute dernière vidéo est disponible via le lien suivant :
https://www.youtube.com/watch?v=Z8KZXrHhLL8&feature=youtu.be
J´adresse un grand merci au superbe site La Fonoteca (http://lafonoteca.net/) qui permet d´accéder à des informations détaillées sur les groupes emblématiques du courant post-punk. Pour ceux d´entre nous qui comprennent la langue de Cervantes, ce site est une inépuisable source d´exploration.