BLITZ!

LES CHRONIQUES DE L'ADEPTE

TEARS FOR FEARS « The Hurting »
(Deluxe Edition/ Special Edition 30th Birthday)
(1983 Mercury- 2013 Universal)

1983, l'âge d'or de la new-wave. Cette année là paraît un ovni, un disque désormais culte : « The Hurting » de Tears For Fears.

Roland Orzabal (chant, guitares, synthés) et Curt Smith (Chant, basse, synthés) se sont rencontrés sur les bancs de l'école. Tous deux issus de familles mono-parentales, ils se trouvent impliqués dans la scène ska au sein de « Graduate », mais leur passion commune pour l'écrivain Arthur Janov, auteur du « Cri Primal » (« Primal Scream » dans la langue de Shakespeare) les amène à fonder Tears For Fears en 1981, 4 singles suivront.

Le premier d'entre eux, « Suffer The Children » (à la pochette identique à celle de « The Hurting », mais en noir et blanc), sera décliné en maintes versions (dont une instrumentale). Le 2ème, que tout le monde a déjà entendu au moins une fois, c'est la première version de « Pale Shelter » (qui sera un hit dans le top ten anglais en 1982). En août 1982 paraît « Mad World » (qui se classera no3 dans les charts), suivi fin novembre de « Change » (4ème au top), puis de la 2ème version de « Pale Shelter » en avril 1983 (5ème position cette fois-ci).

Suite à ces succès, les 2 complices sortent à la fin de l'année l'album « The Hurting » (l'un des chapitres du « Cri Primal ») après 18 mois de travail et plusieurs producteurs, qui ouvre avec le titre éponyme et se referme de fort belle manière avec « Start of The Breakdown » (le début de la dépression). Album intègre avec des hits potentiels tels que « Watch Me Bleed » ou « Memories Fade » qui font de ce disque l'un des grands crûs de cette année 1983.

B - Sides & Remixes :

Le 2ème CD démarre avec le 1er single, « Suffer The Children », chanté par Roland avec sa sœur Caroline aux chœurs, dans une version différente de celle de l'album (nous sommes en octobre 1981 !) et enchaîne avec la première version de « Pale Shelter » (sous titrée « You Don't Give Me Love »), suivie de « Prisoner » (sa face B) et de « Ideas As Opiates » (une autre face B, celle de « Mad World »). On repart sur les singles, avec la « new version » de « Change » et le « remix » (version 12” single en fait) de « Suffer The Children » (dans une version plus aboutie).

Suivent les versions 12” remixes de « Pale Shelter » (dans sa 1ère version), de « Mad World » et de « Change » (version « extended »). On repart sur la version 12” de « Pale Shelter » (version « extended » de celle de l'album!), puis la version « instrumental » de « Suffer The Children » (qui cette fois se rapproche de la version album), suivie de la version 7” de « Change » et l'on revient aux faces B, avec celle de « Suffer The Children » (« Wino », un titre calme joué à la guitare accoustique), de « Change » (avec « The Conflict », qui date de novembre 1982) et celle de la « new version » de « Pale Shelter » (intitulée « We Are Broken », un titre étrange, qui sera revisité sur l'album de 1985, « Songs From The Big Chair »).

Enfin,on termine cette collection de singles & b-sides avec la version « promo CD » (en réalité la version démo présentée au label Mercury, avant leur signature) de « Suffer The Children » qui, avec 4 versions différentes sur ce disque, est un assez bon raccourci de l'album à paraître en 1983, « The Hurting ».

« Live Sessions »

Là ou s'arrête l'édition deluxe commencent les bonus de ce coffret collector

Edition « 30th Birthday » de « The Hurting ».

En premier lieu, une « Peel Session », datant du 1er septembre 1982, sur laquelle figurent 4 titres : en ouverture, « Ideas as Opiates », version piano et percussions (la guitare n'apparaissant que plus tard !) pour une version plutôt intimiste, ensuite c'est « Suffer The Children » (assez proche de la version définitive, mais sans les chœurs, remplacés par du synthétiseur), suivi de « Prisoner » dans une version synthé/boîte à rythme (cette dernière est présente sur les 4 titres, Tears For Fears n'ayant pas encore de batteur attitré !). Les synthétiseurs sont toujours présents, puis c'est « The Hurting », dans une version grandiose, pour ne pas dire sublime !

En second, une « Jensen Session » (Kid Jensen est l'alter ego de John Peel sur la BBC) avec « Memories Fade » en introduction, version minimale, l'un des meilleurs titres de « The Hurting », une autre version de « Prisoner », sans grande surprise comparée à celle du « John Peel show », voire reproduite à l'identique, suivie de « Start of the Breakdown », et à nouveau « The Hurting », le titre phare de l'album. En bonus, 2 titres enregistrés live et parus sur l'édition limitée du 12" « The Way You Are » (novembre 1983),a lors inédit et en « free 7 », « The Breakdown » et « Change ».

Ce que l'on peut reprocher à ce type de sessions, c'est aussi ce qui fait sa force, à savoir des titres à l'état brut, sans fioritures ni arrangements quelconques.

« In My Mind's Eye », le DVD :

Enregistré en 1984 à l'Hammersmith Odeon et comprenant la majeure partie de « The Hurting » (excepté « Watch Me Bleed »), ainsi que quelques titres alors inédits (« Mother's Talk », « The Working Hour » ou « Head Over Heels »), ainsi que « We are Broken », dans sa version revisitée.

À noter la présentation sous forme d'effets vidéo très typés années 80 (on peut ne pas aimer), un bon concert néanmoins !

En résumé,un superbe coffret (comprenant 2 livrets) pour fêter les 30 ans de la sortie de « The Hurting » (dans le top ten des meilleurs albums de cette décennie!) des excellents Tears For Fears, un classique du genre ! Dommage que la magie ait disparu dès l'album suivant de 1985 !

Sur le net : www.tearsforfears.net

CURRENT 93/HÔH

« Island » est un disque à part dans la (très) longue discographie de Current 93 : fruit d'une longue et intense séance de travail et d'enregistrement réalisée entre 1986 et 1991, spécialement en Islande, avec des musiciens presque exclusivement locaux, ce laborieux album est issu d'une collaboration de longue haleine et de longue date entre David Tibet et HÔH (Hilmar Ôrn Hilmarsson), rencontré au sein de Psychic TV (le bureau de l'industriel, comme dirait Tibet !), lorsque ce dernier jouait des cloches (tibétaines) dans le groupe de Genesis P.Orridge.

La collaboration entre HÔH et David Tibet n'est pas nouvelle, puisqu'en 1987 était sorti ce qui devait être un album solo du leader de Current 93 : The Aryan Aquarians, sur lequel HÔH jouait principalement de la batterie ! Ici, peu ou pas de batterie, juste quelques percussions éparses, et l'on retrouve HÔH au clavier (basse et harpe) sur des titres à teneur ambient, voire dark, dont les textures sont empruntées à ce qui donnera son premier album « Children of Nature » (une musique de film).

Ici, aux côtés d'HÔH, un certain Godkrist (ancien guitariste de Björk) et cette dernière qui assure les vocaux sur un titre  hanté, « Falling », qui ouvre l'album. La plupart des titres étant chantés (voire sussurés) par un David Tibet en grande forme (comme sur « Anyway People Die »), 2 autres voix féminines venant lui prêter main forte : Asa (sur le Enya-esque « Dream of a Shadow of Smoke ») ainsi que Rose Mc Dowall (sur le jazzy « Paperback Honey » et aux chœurs dans « Fields of Rape & Smoke »).

Œuvre à la fois intimiste et apocalyptique, ce disque est un chef d'œuvre absolu de musique « dark ambient » aux paysages oniriques d'une étrange beauté à couper le souffle !

À noter un titre à part, « Crowleymass », qui dénote quelque peu de l'ambiance sombre de l'album par son côté « dansant » et presque « happy », qui fera l'objet d'une version maxi single en 1987, ici présenté dans 2 versions différentes ainsi que 2 inédits : « I arise », un titre long et répétitif sur lequel on retrouve HÔH derrière les fûts , datant de l'époque d'«Imperium », et l'anecdotique « As For The Over Side » (sous-titré « Christmassacre »), un instrumental de mauvaise facture ou l'on retrouve HÔH et ses comparses Islandais dans une sorte de pantomime.

Le maxi étant à l'époque sorti en vinyle sur le label Maldoror, un autre héros récurrent (avec Aleister Crowley) de David Tibet.

Et sur le web, www.davidtibet.com

THIS MORTAL COIL « Dust & Guitars » [TAD 3X23 CDJ]
(Import 4AD-USA)

À l'origine CD bonus du coffret TMC BOX1 (la box set comprenant les 3 albums de This Mortal Coil réenregistrés et remasterisés à partir des bandes originales par le boss-ex 4AD- Ivo Watts Russell), ce CD de raretés et d'inédits est désormais disponible (via le 4AD US store) à un prix exorbitant (il en va d'ailleurs de même pour cette fameuse box présentée sous forme d'import japonais avec Obis !).

« Dust & Guitars » est une compilation de singles jamais alors édités en format CD ouvrant sur le classieux maxi de 1983 « Song to the Siren » (reprise de Tim Buckley chantée ici par Elizabeth Fraser de Cocteau Twins), avec ses glorieuses 9' de mix de « Gathering Dust/16 Days » (2 titres de Modern English), ainsi que la reprise de 16 Days sur lesquelles se produisent Liz Fraser et Gordon Sharp (Cindytalk) dans un affrontement vocal hors du commun ! On retrouve ce dernier sur le single suivant : « Kangaroo » et « It'll End in Tears », tirés de l'album éponyme de 1984 avec pour la 1ère fois l'apparition d'un synthétiseur DX7 dans les crédits ! (joué par Simon Raymonde des mêmes Cocteau Twins).

Suivent « Come Here My Love » et « Drugs », 2 extraits de l'album suivant « Filigree & Shadow » de 1986 disponibles à l'époque sur un 25cm (10 »), puis le monumental « Acid, Bitter & Sad » qui figurait sur la compilation «  Lonely is an Eyesore » de 1987. On termine avec 2 titres restés inédits : « We Never Danced » (de Neil Young ) chanté par les sœurs Louise et Deirdre Rutkowski et « Thaïs », un instrumental qui concluait « Filigree & Shadow », dans une version dub assez planante sous titrée « Birds of Paradise ».

Si vous ne trouvez pas sur le net le coffret This Mortal Coil (limité à 1500 exemplaires « worldwide » !), qui est un pur joyau de design, vous pourrez vous rabattre sur les 3 albums sortis séparément (en version Obi également!) et remasterisés, et pourquoi pas vous offrir en bonus ce « Dust & Guitars » car si vous trouvez le prix de ce coffret exorbitant, la somme des 4 disques n'excède pas le prix de celui-ci !!!

À noter enfin que cette compilation est dédicacée à Pallas Citroën, muse de 4AD et modèle des pochettes de This Mortal Coil.