Les Entretiens du Général Hiver – BLITZ! n°15

• ♠Le groupe français FUTURE crée depuis 2012 un rock énergique qui n´est pas sans rappeler The Jesus And Mary Chain : murs de guitares, voix faussement désinvolte, rythmiques carrées.

  

  Leur premier album, « Horizons », est sorti en mai dernier. Il a éveillé la curiosité de BLITZ! et les trois musiciens ont volontiers répondu à nos questions.

  1. Tout d´abord, pouvez-vous nous dire quand et comment est né FUTURE ? Le nom du groupe a-t-il été choisi en contre-pied du mouvement punk, qui lançait son slogan « No future » à la face du monde ?

  Yann : Comment est né FUTURE ?... Je ne sais plus, c´était quand Brice ? Il y a deux ans, ou trois ans, non ?

  Brice : Oui je pense que le groupe s´est formé quelques mois avant la sortie de notre 1^er EP « Abyss » en 2013.

  Yann : Pour notre formation en tant que groupe, Il n´y a rien d´extraordinaire, une histoire banale de mecs qui se connaissent et qui s´aiment bien, qui écoutent a peu près la même chose.

  Pauline : Oui, à la base, Future, c´est Brice et Yann. J´ai suivi le projet dès le début, ça fait assez longtemps que l´on se connaît. Un jour ils m´ont proposé de venir jouer avec eux, ils avaient envie d´ajouter un synthé à la formation. Et maintenant, on est trois.

   

  Yann : Le nom, c´est Brice qui l´a trouvé, il n´y a aucune revendication je pense, non ? Ou alors il faut que tu m´expliques.

  Brice : Il n´y a aucune revendication non, c´est juste que c´est assez pénible de trouver un nom. Je n´ai jamais eu de bonnes idées. Là, on a tapé dans le mille avec le rappeur US Future qui a 150 millions de fans sur Facebook. En vrai, j´aimais bien la sonorité du mot.

  Yann : Après on a eu la bonne idée d´appeler notre single « Side Effects » qu´on avait composé il y a longtemps, et hop, le rappeur sort son « Side Effects » à lui en juin. Le manque de bol total. On va finir en taule...

   
  2. Comment qualifieriez-vous votre musique et quelles sont vos principales influences, musicalement parlant ?

  Yann : Lorsque l´on s´est retrouvé sur Paris et qu´on a commencé à bidouiller des sons, on ne savait pas trop ce qu´on faisait, ni où on voulait aller. Après quelques tests on s´est mis d´accord sur les bases de notre son et puis nous avons sorti notre premier titre, « Youth Conspiracy ». C´était le son qui nous rapprochait le plus, où on essayait de faire ressortir une énergie, comme en concert. Par la suite nous avons enregistré notre 1^er EP Abyss en étant malade comme des chiens, c´était horrible !

  Brice : Haha oui, l´enregistrement de l´EP Abyss était vraiment folklorique. On allait vomir entre 2/3 prises et puis on recommençait à jouer et à enregistrer. On avait même bu du champagne entre les morceaux car on fêtait Noël avec Yann ! Après, en parlant de référence, oui nous sommes tous influencés par pas mal de groupes des années 80/90 mais aussi 2000. Ça passe par les Cure avec un petit détour par les Soft Moon tout en gardant l´univers qui nous a réunis avec Yann, les Jesus and Mary Chain.

  Pauline : Oui, on a pas mal de références communes, mais je crois que l´on a chacun notre parcours, par exemple mes influences sont peut-être plus post-punk, cold, et métal, de Bauhaus, Death in June à Sonic Youth en passant par Burzum. C´est certainement cette pluralité d´influences qui doit ressortir dans Future, on fonctionne bien ensemble.

   
  3. Votre premier album, sorti le 25 mai 2015 sur le label Requiem pour un twister ( http://store.requiempouruntwister.com/) au format vinyle blanc (500 exemplaires), s´intitule « Horizons ». Il comporte plusieurs titres magistraux, comme « Feel like I do », « Stay », « Again » et « Side Effects » (premier single extrait de l´album). Pouvez-vous nous parler des effets secondaires dont il est question dans ce morceau ?

  Yann : Moi, je l´ai écouté plein de fois, et ça me donne envie de marcher sur les mains.

  Brice : Je suis à l´origine des sons de congas et bongo que l´on peut entendre sur ce titre et j´en suis très fier ! Yann et Pauline m´ont nommé « Master Congas » depuis. Ce titre honorifique, que je porte fièrement, me rend tout simplement heureux. Side Effects est le type de chanson qui me plaît énormément car cela entraîne une certaine transe naturelle au fur et à mesure de l´écoute. Et puis, il faut le dire j´aime bien danser comme les mecs du clip de The Last Song de Trisomie 21, donc tu comprendras facilement.

   

  Pauline : C´est Yann qui a écrit les paroles il me semble, je ne sais plus trop de quoi ça parle. En live c´est vraiment un plaisir de la jouer, elle est assez enivrante.

  
   
  4. Le son de l´album est vraiment très riche, proche de celui des groupes britanniques de la fin des années 80, comme par exemple The Jesus and Mary Chain. Cette puissance est-elle le fruit d´une longue maturation, ou avez-vous au contraire trouvé rapidement la bonne atmosphère, avec l´aide de Bernard Marie qui s´est chargé du mixage ?

  Yann : Pour l´album, nous avons, pour ainsi dire, tout enregistré à l´arrache, parfois en une prise dans un studio de répétition avec un son à la c.. avec le micro chant sur la guitare. Pour le coup on ne s´est jamais dit, tiens quelle guitare je vais utiliser, quel amplis, etc. C´était souvent sur le moment et en plusieurs étapes, c´était un véritable bordel, des pistes partout. Bernard a mis de l´ordre là-dedans, il a du bien chialer le pauvre. Mais je m´en fous, c´est mon cousin. D´ailleurs entre DEAD et Maria False, qu´il produit aussi, je ne sais pas quel est le groupe sur lequel il a le plus galéré.

  Pauline : Comme l´a dit Yann, on a pas mal enregistré en une prise en studio, en jouant tous ensemble parfois. Je pense que ça a dû ajouter pas mal d´énergie. Puis Bernard a vraiment tout compris, c´est super ce qu´il a fait.

   

  Brice : Bernard c´est notre magicien ! Je suis sûr que je pourrais enregistrer une batterie dans les WC en tirant la chasse d´eau qu´il pourrait en faire un son cool. On fait entièrement confiance à Bernard qui finalement nous connaît très bien musicalement et donc ne se trompe que très rarement, enfin ça lui arrive quand même.

   

  Yann : Par expérience, avec Bernard, à chaque fois qu´on a filé nos chansons à mixer à quelqu´un d´extérieur à nos groupes, ça a directement capoté, soit le mec pige que dalle, soit ça met 6 mois pour mixer un titre. J´ai hâte qu´un jour un mec qu´on ne connaisse pas arrive, et nous dise, « hey les blaireaux, votre son doit sonner comme ça, et pas autrement, filez-moi vos pistes qu´on arrête ce massacre ». Tu lui files les pistes de plusieurs chansons, il ne te demande rien, il te parle pas de devis, pas de fric, et surtout pas comment ça doit sonner et boom, tu reçois ça en MP3 sur ton mail et là tu prends ta claque, même pas une remarque, rien envie de dire, même pas « ouais le tambourin un peu plus fort s´il te plait ». J´actualise tous les deux secondes ma boîte mail pour voir si cette personne m´a contacté. Je garde espoir.

  Avez-vous prévu une tournée pour promouvoir « Horizons » ? Dans l´affirmative, quelles sont les premières dates fixées ?

  Yann : On cherche, on aime bien voyager. Si tu as des plans chouettes n´hésite surtout pas !

  Brice : Oui nous aimerions bien tourner, on va organiser ça. À vrai dire, on n´a pas de tourneur, donc il faut qu´on se débrouille tout seul, mais ça peut le faire. Il faut juste s´organiser.

   

  Pauline : Oui ça serait vraiment bien, on a quelques pistes mais rien de concret pour le moment. Bientôt !

  Sur Internet : http://futurebandclub.bandcamp.com/album/horizons

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• ♠ Le duo américain Forever Grey, fondé en novembre dernier dans le Michigan, joue un répertoire très original bien qu´influencé par le post-punk, qui a fortement intrigué la rédaction de BLITZ!

  Samantha, la chanteuse, a bien voulu répondre à nos questions.

  
  1. Tout d´abord, pourriez-vous présenter Forever Grey à nos lecteurs ?

  Forever Grey est un duo, composé de Kevin et Samantha. Nous vivons près de Grand Rapids, dans le Michigan, Etats-Unis. Ce projet est tout récent, nous l´avons lancé en novembre 2014.

  2. Si nous devions décrire votre musique, nous dirions qu´elle associe des lignes de basse dominantes à des vocaux féminins et masculins, quelquefois soutenus par des séquences de synthétiseurs.

     Oui, c´est une bonne description du groupe. La ligne de basse ou la mélodie jouée au synthétiseur est généralement le point de départ de la chanson. Nos vocaux s´y ajoutent ensuite. Nous avons quelques chansons où seul l´un d´entre nous chante, mais je crois que nous préférons tous les deux les duos.

  3. Le style musical de Forever Grey est proche de celui du mouvement post-punk. Etes-vous d´accord avec cette idée, et quelles sont vos sources d´inspiration ?

  Je crois que tu as raison. Nous sommes principalement influencés par Emily Dickinson (poétesse américaine majeure qui a vécu au XIX^e siècle), Joyce Carol Oates (poétesse et romancière américaine née en 1938, auteur notamment d´une Saga gothique composée de cinq romans) et les X-Files. Nous aimons beaucoup de musiques différentes et cela influence notre son. FinaIement, la littérature et le cinéma nous influencent vraiment.

  4. Depuis le début de cette année, vous avez sorti 10 titres dématérialisés (2 albums de 4 morceaux chacun et 2 singles). Pouvons-nous espérer plus de morceaux en 2015, par exemple sur un album complet, disponible soit en vinyle soit en CD ?

  Sans aucun doute. Nous essayons d´écrire, enregistrer et poster une nouvelle chanson en ligne chaque lundi. La création et le partage de notre musique sont au nombre des ambitions les plus importantes de Forever Grey. Nous travaillons actuellement sur un projet de split-K7 avec un autre groupe local, Hearing Eyes. Nous allons aussi sortir un CD de neuf titres sur le label Batcave. Presque tout ce que nous avons enregistré jusqu´à maintenant figurera donc sur ce CD. Forever Grey a aussi réalisé une K7 de 20 minutes de « Poems About Eternity », via le label Starved Relations.

  5. Nous voulons vous féliciter pour la beauté des photos qui illustrent vos albums et singles, tout particulièrement « Nightingale » et « September Ice ». Pouvez-vous nous dire à quel artiste nous les devons ?

  C´est Kevin qui les a créées. Il a trouvé plusieurs images en ligne ou les a extraites de vieux magazines de sa collection personnelle, qu´il a ensuite moulinées avec sa machine Xerox.

  6. Le morceau que nous adorons s´intitule « Killing Myself ». Pouvez-vous nous expliquer de quoi il parle et dans quelles circonstances il a été composé ?

  « Killing Myself » est une chanson que Kevin et moi avons écrite pour notre ami Dylan. Il a réellement influencé le son de cette chanson, et j´avoue que c´est l´une de mes préférées. Les paroles de Kevin sont centrées sur les idées de solitude et de suicide, c´est évident. Les paroles que je chante parlent d´un moment où l´un de mes plus proches amis m´a trahie. Le rythme a été réalisé avec un Korg EMX-1 (photo ci-dessous). Kevin et Dylan jouent de la guitare et je tiens la basse sur ce morceau.

  
  7. Une dernière question, pour vous demander si vous avez déjà joué sur scène en France et si vous avez prévu des concerts en Europe, et plus précisément en France, en 2015 ou 2016 ?

  Non, nous n´avons jamais joué en France, ni même hors des Etats-Unis. Nous aimerions beaucoup réaliser une tournée en Europe. Continuez à nous écouter, et votre soutien nous fera venir !

  Sur Internet : http://forevergrey.bandcamp.com/