Nature est ce que l´on appelle un supergroupe, à l´instar de This Mortal Coil chez 4AD.
La comparaison s´arrête là. Formé autour de Michael Cashmore, guitariste officiel de
Current 93 après le départ de Douglas P. (Death In June) vers l´an de grâce 1992.
Supergroupe puisqu´il accueille en son sein des membres (passés et présents) de Current 93 dont
Rose Mc Dowall, que l´on connaîssait aussi dans Death In June, qui ouvre (presque !) cet album
« Beauty Reaps The Blood of Solitude », soit le 1er CD de cette compilation.
Et l´on est heureux de cette réédition puisque l´originale, parue en 1994 chez World Serpent vaut à
présent une petite fortune (bien que le disque soit sujet au disc rot ou bronzing, des tâches vertes comme des
moisissures apparaissant sur le bord du CD, ceci étant fréquent à l´époque sur les CD de World
Serpent fabriqués par PDO).
Après un instrumental bruyant (l´album est entrecoupé de plages industrielles remplies de guitare
saturée) il faut donc attendre la piste 2 pour écouter la voix si familière de Rose Mc Dowall sur le
traditionnel « Wicker Man Song », puis on la retrouve à nouveau sur la plage 4 :
« Bloodstreamruns » accompagnée cette fois de David Tibet (Current 93). Le titre suivant, à
l´intro inquiétante, c´est « My Black Diary », composé par Douglas Pearce, dont on peut entendre
la voix (en tant que guest), suivi de la voix de Tibet, puis enfin par celle de Rose.
« Tears For an Eastern Girl », chanté par Tibet, est un très beau titre (rejoint sur la fin par la
voix de Rose) dont on peut trouver la reprise à la fin de cet album (après le titre Bonewhiteglory, qui conclut
formidablement ce disque).
« Blood of Solitude » part I & II, sur lesquels on peut entendre le violon de Benet Walsh, font partie du EP
« A Dozen Summers Against The World » sorti à la même époque et qui contient le titre alors
inédit (sur l´album du moins) « A Dozen Winters of Loneliness » sur lequel une voix fantomatique
répète à l´infini (avec celle de David Tibet) « A Dozen Winters of Loneliness, and a Dozen Summers
Against The World » même si l´on n´est pas sûr que cette voix féminine soit celle de Rose
(créditée à Eastern Girl). Le tout se concluant (sur ce titre bonus) sur les guitares distordues de Michael
Cashmore accompagnées d´une voix de musique country assez entêtante.
Enfin, le 1er CD se conclue sur la reprise de « To You » de Jacques Brel, un autre bonus track.
Grâce à l´apport de ces deux titres bonus (sur le CD 1), l´album avoisine désormais les 55
minutes.
Le 2ème album de Michael Cashmore, soit le CD II, qui contient 12 titres, est un album inachevé (selon les dires de l´auteur) paru en 1998. En effet, « Snow Leopard Winter » (parts I to 12) est plutôt spécial, puisqu´instrumental, contenant de courtes pièces joués au piano (par Michael Cashmore) avec l´aide d´Elizabeth Toney au violon, Jeremy Jackson, au violon également, Hannah Walker à la viole de gambe et Dan Bradley au violoncelle. Que dire de cet album ? Paru à l´époque en prix cassé, si ce n´est qu´il est suffisamment soporifique pour s´endormir rapidement, mais que l´on peut également l´utiliser comme musique de fond devant un feu de cheminée un soir d´hiver. Sans vouloir paraître odieux envers celui-ci (nous nous en gardons bien dans BLITZ! de « casser du disque »!) il ne laisse pas un souvenir impérissable et nous retournerons donc mettre le CD I sur la platine une fois encore.
L´adepte
Cet album (pour ne pas le nommer), qui fait suite à « Dawn » (1987) et « Imperium » (87 aussi) démarre plutôt agressivement avec « Dogun » (un hommage au moine zen japonais Dogen ?), sans doute car ce titre reste dans la lignée de « Dawn » (un disque que renie Tibet aujourd´hui), et effectivement, mis à part les guitares saturées de Douglas Pearce et la voix (heureusement moins agressive, mais tourmentée) de Rose Mc Dowall, cet album a tout pour faire fuir le commun des mortels (et même le fan absolu de Current 93 !).
La 2ème plage, « Forever Changing », avec Tibet qui parle plus qu´il ne chante, est plutôt minimaliste (avec le piano joué par Dik et la basse par Tony Wakeford) et annonce la teneur de l´album (il dure 10 minutes) qui se poursuit avec le superbe « The Ballad of The Pale Christ » (avec la voix de Rose plus apaisée cette fois !) et la guitare de Douglas qui annonce déjà « Swastikas For Noddy », enregistré en 1987, mais qui ne paraîtra que fin 1988.
Le ton est donné avec « Christ And The Pale Queens » un titre plus expérimental (qui ne fait pas dans la dentelle non plus !)), avec dans l´ordre d´apparition : Dik au clavier (il joue au même moment avec Sol Invictus), David Tibet au chant parlé, Tony à la basse puis Rose (au bout de 7´) alors qu´entre temps Dik est passé à la batterie pour un titre d´anthologie qui clôt l´album.
2 titres bonus sur la version CD (« The Red Face of God » et « The Breath and Pain of Gods ») viennent
conclure sur une version différente de « Dogun » et du titre précédent.
Ces deux titres étant parus à part sur un maxi limité à 666 exemplaires en vinyle.
On n´oubliera pas de sitôt le titre « Mighty in Sorrow », phrase répétée sans cesse par David Tibet sur le thème de « Christ & the Pale Queens », avec ses 18 minutes, qui clôt le CD de façon étrange.
Et sur le net : www.durtro.com
L´adepte
Dans une société allemande (le mur n´est pas encore tombé !) où le pouvoir a pris le contrôle des esprits, principalement via le media musical, un groupe de terroristes « audio-actifs » mené par FM Einheit (Einstuerzende Neubauten) établit un contre-pouvoir en produisant de la « muzak » qui est « plus que de la musique » ! Ce film, dérangé et dérangeant, voit la participation de William S. Burroughs (le film lui est dédié !) mais aussi de Genesis P.Orridge (Psychic TV) en tant que guests.
La « musique », aseptisée au possible,qui est le centre d´intérêt de ce film,
réalisé par Klaus Maeck (sorti en 1984), n´est pas sans rappeler justement le livre
« 1984 » de Georges Orwell.
La « muzak », elle, est composée par FM Einheit et Dave Ball
(Soft Cell), ce dernier étant accompagné pour l´occasion de Gen P.Orridge.
La BO du film, disponible en version CD remasterisée, dans ce coffret, fait également appel à
Matt Johnson (The The), Christiane.F (qui joue aussi dans le film) accompagnée
ici par William S.Burroughs, ainsi que des Einstuerzende Neubauten. À noter qu´un titre de
Soft Cell (« Seedy Films » ne figure pas sur le CD mais dans le film « DECODER », qui a aussi
donné son nom à un réel groupe dissident italien.
L´adepte