BLITZ!

LES CHRONIQUES DE L'ADEPTE
BLITZ! numéro 26

JAH WOBBLE « I Could Have Been a Contender »
(Sanctuary/Trojan, triple CD slipcase -TJETD191)

Jah Wobble, I Could Have Been a Contender

Jah Wobble, c'est 40 ans de carrière et un CV plutôt impressionnant : ex roadie des Sex Pistols, il est l'un des créateurs de PIL avec John Lydon. Multi-instrumentiste (mais surtout bassiste de Public Image Limited), producteur et chanteur, il officie dans PIL de 1978 à 1980 avant de se lancer dans une carrière en solo.

1er album rempli d'effluves reggae, « Betrayal » paraît en 1980, suivi de l'excellent (mais expérimental) « Bedroom's Album » en 1983, un classique du genre, composé par ses propres moyens dans sa chambre à l'aide du guitariste Dave « Animal » Whitby.
S'ensuivront plusieurs collaborations au fil du temps avec Holger Czukay (Can) d'abord, puis The Edge (U2) ainsi que Brian Eno. Jah Wobble est aussi un découvreur de talents qui popularisera (comme son contemporain Peter Gabriel) la world music.

Plusieurs artistes se relaieront au fil du temps dans son entité « Invaders of the Heart », un collectif plutôt qu'un groupe, avec des invités de marque tels ces vocalistes figurant sur ce 1er CD, qui ouvre comme il se doit avec le single « Public Image » de PIL. C'est avec « Visions of You » (en collaboration avec Sinead O' Connor) que Jah Wobble trouve le succès à l'international avec ce tube imparable. Sur « « Becoming More Like God », on retrouve une voix familière, celle de Anneli Drecker de Bel Canto avec un morceau signé « Invaders of The Heart ». « Mistralazul 2 » est une collaboration avec Temple of Sound (sur lequel figure la très belle voix de Nina Miranda). On reconnaît la voix de Jah Wobble sur « I Offer You Everything », lui aussi excellent.
« Shout At The Devil » est à nouveau une collaboration avec Temple of Sound (cette fois, en special guest, c'est Natacha Atlas). « Blacksmith » (suivi de sa version dub) est aussi un excellent titre à base de percussions sur lequel on peut entendre également de la cornemuse et du biniou ! (featuring « Invaders of The Heart »). On retrouve la magnifique voix de Sinead O'Connor sur « Josey Walsh », un autre titre du collectif « Invaders of the Heart ». « Tyger Tyger » et « Requiem III » sont quant à eux signés Jah Wobble et concluent agréablement ce premier disque.

Le 2e CD démarre comme il se doit par « Poptones », un titre de PIL assez lent et emphatique. S'ensuit le 1er single de Jah Wobble : « Betrayal », extrait de l'album éponyme (et dans sa version longue). On enchaîne avec « How Much Are They ? », le single suivant, datant de 1981 (sorti un an après le décès de Ian Curtis, et dédié comme il se doit à ce dernier). On est moins emballé par « Invaders Of The Heart », paru en 1983 (un titre plutôt disco qui préfigure avec un temps d'avance le mélange entre la techno et la musique ethnique façon Transglobal Underground).
Le titre suivant, « Death Disco », est un classique de PIL qui se devait de figurer sur cette anthologie. « Snake Charmer » est une collaboration entre Jah Wobble, The Edge (U2) à la guitare et Holger Czukay (Can) aux claviers et au trombone. On enchaîne avec quelques titres issus d'albums, comme les excellents « Song of Innocence » et « Funeral March » (sur lequel on peut entendre de la cornemuse !). « So Many Years » est un morceau enregistré live en 1989 avec (entre autres musiciens) la participation de David Harrow (1er claviériste d'Anne Clark) et de Michel Schoots (du groupe hollandais Urban Dance Squad) à la batterie. Retour de la cornemuse sur « A Man I Knew », un titre d'excellente facture. Enfin, « Elevator 2 » est une collaboration entre Jah Wobble et Brian Eno (ex clavier de Roxy Music).

Le 3e disque, plus axé instrumentaux, démarre avec une longue plage ambient (sur laquelle se pose l'accent d'un saxophone) du nom de « Gone to Croatian ». « Spinner », extrait de l'album du même nom est une collaboration avec Brian Eno, sonne plutôt jazz (on est loin ici de la world music de Jah Wobble). « A13 » est à nouveau un morceau extrait de ce fameux live paru en 1990, « Without Judgements », sur lequel figurent principalement la basse et la voix de Jah Wobble (John Wardle dans le civil). « Passage to Hades », à la basse proéminente, revient à la cornemuse (on peut également y entendre de l'harmonica). Quant à « Mystery of Twilight part2 », c'est juste une énorme collaboration entre le fameux pianiste Harold Budd, Bill Laswell (bassiste du groupe Material) et Jaki Liebezeit (batteur de Can). On retrouve ensuite Eno et Wobble sur un titre plus posé voire dub, du nom de « Left Where it Fell ». Retour à la world music avec « The River Suite » qui conclue agréablement ce 3e volume de l'anthologie « I Could Have Been a Contender ».

L'adepte

CHRISTIAN DEATH featuring Rozz Williams « Death Mix »
(2001 Locomotive Music/ LM 095CD -Tribute)

Christian Death Mix

« Death Mix » fait partie de ces compilations sorties initialement par le label de Los Angeles Cleopatra records, également spécialisé dans les tributes de toute sorte. Et pour un tribute, c'est plutôt réussi puisque la crème de l'électro-indus (surtout de l'écurie Cleopatra) s'est ici donné rendez-vous pour un résultat des plus surprenants.

Le remix Zend Avesta, supervisé par le groupe slovène dont l'originalité n'est plus à prouver, j'ai nommé Laibach, d'abord, avec une version très Voix Bulgares du titre « The Angels », riche en percussions. « Cervix Couch » (One By One) est également un excellent remix électro de Spahn Ranch (reconstruit par Matt Green). Plus ambient, voire trip-hop « Book of Lies » est lui remixé par Bigod 20. « Spiritual Cramp » (Mix in Hell) est bien évidemment remixé par un autre groupe de l'écurie Cleopatra : Electric Hellfire Club.

« Death In Detroit » méritait mieux que le traitement sonore décevant de ce remix plutôt bruyant de Rhys Fulber et Bill Leeb (du crew Front Line Assembly). Le remix de Die Krupps ne mérite pas vraiment non plus (si ce n'est la construction de « Figurative Theatre » à base de guitares, qui est intéressante).

On revient au meilleur de l'électro, la tendance de ce tribute au Christian Death de Rozz Williams avec « Sleepwalk » (Hypnotic remix), cette fois c'est Lights of Euphoria qui s'y colle. La version plutôt indus de « Figurative Theatre » n'est pas pour nous déplaire puisque c'est Claus Larsen de Klute qui nous offre un autre bon moment. « Desperate Hell » est défiguré par Kinder Atom dans un mix plutôt technoïde.

Le pire reste à venir avec cette version easy metal de « Still Birth » par Penal Colony qui comme Birmingham 6 qui ouvre cette compilation ont dû oublier qu'il s'agissait d'un hommage.
Fort heureusement, les compères Joe Papa et Paul Lemos (de la team Controlled Bleeding) nous offrent un remix infernal de « Mother » accompagné par ces sons industriels dont ils ont le secret.
La version de « Lost Minds », l'un des meilleurs titres de Christian Death, remixée ici par les excellents < THD vaut également le détour et méritait de conclure ce tribute à Rozz Williams.

Ainsi que : www.rozznet.com

L'adepte