Par le Général Hiver
Fin 2017, nous avions contacté cette formation emblématique de la scène punk-batcave-deathrock barcelonaise, dans la perspective de notre dossier no24. Le groupe nous ayant adressé ses réponses après notre bouclage, nous vous les livrons dans ce numéro, en français et espagnol.
J: La Sainte Ejaculation n'a pas de forme définitive, nous enregistrons lors de sessions privées des morceaux qui ne seront
jamais rejoués de la même manière en direct, l'élément est le même, mais les composants et la forme sont variables.
Nous ne sommes pas une formation typique, les enregistrements sont faits en même temps que la composition des morceaux, et
ils passent par beaucoup de mains et beaucoup d'âmes de notre congrégation. Une fois que nous devons les exécuter en
concert, nous les modifions pour donner de nouvelles formes au message que nous voulons reproduire.
J: Sur notre bandcamp, vous ne pouvez pas trouver notre premier album, « La Oskura Hermandad », dans lequel
vous noteriez sûrement plus de références à la mort.
D'une part, c’est un sujet qui nous fascine, nous aimons jouer avec les mythes, les rituels, les invocations, et pendant que
nous sommes un peu malades des films d'horreur, tout notre budget est dépensé en bougies, marijuana et pop-corn.
J: En dépit de naviguer avec l’afterpunk pour drapeau, trop d’influences ont marqué le style de tous les albums, des groupes nationaux comme Eskorbuto ou La Trapera Banda del Río (en passant par mille « démos » de groupes underground punk 80 et 90) aux groupes de punk synthétique ou batcave comme Screamers ou Alien Sex Fiend, mais je mentirais si je niais l’influence de nombreux autres groupes classiques comme Rezillos, les Cramps ou les Sonics en allant jusqu’à Bauhaus, Sisters of Mercy ou les premiers Christian Death.
J: C'est un sujet encore plus compliqué que le manque d'inspiration, en fait c'est le contraire, trop d'inspiration. Tous les membres de l'Éjaculation sacrée travaillent sur d'autres projets, parfois musicaux comme des groupes ou des événements, ou liés aux films d'horreur.
Nous avons été responsables de la boutique/musée spécialisée dans les films d'horreur « Le musée Monstre », nous organisons aussi le festival du film trash « Horrorvision » et le magazine du même nom et préparons actuellement le festival du film d'horreur de Panama pour la troisième année consécutive ... pour un grand nombre de ces projets, ainsi que des courts métrages ou la production de films, le temps entre les albums a augmenté plus que pour simplement retarder tournées et saisons de concert.
Quoi qu'il en soit, sur scène nous n'avons jamais laissé passer autant de temps, nous sommes constamment actifs avec nos spectacles depuis plus de 16 ans.
J: Ce nouvel album suit notre ligne d'expérimentation, apparaissent des thèmes courts aux côtés des plus longs que nous ayons fait jusqu'à présent, je pense que ces moments d'échantillons punk hors de tout contrôle suivis de compositions plus denses montrent plus que jamais la bipolarité du projet, reflet d'une psychose incontrôlée.
J: Honnêtement, nous n’avons jamais pu éjaculer en France en dépit d'être voisins depuis tant d'années, et cela ne
s’explique pas par un manque de désir, mais d’occasions.
Actuellement je vis au Panama, mais j'espère toujours visiter la France bientôt. Au moment où je me suis enfui d’Espagne comme
une canaille pour consacrer cette année à produire un film de terreur tropicale, j’ai abandonné depuis un certain temps ce
pays où la dictature met en prison les musiciens et toutes sortes d'artistes qui offensent le roi d'Espagne, la police ou le
dictateur Franco, c’est triste et cruel, mais vrai, le monde est plus défoncé que jamais, le fascisme sanglant revient, et
comme l’espèce humaine, nous continuons à briller comme la pire merde sur la planète. A ce jour, nous restons rancuniers et
avec notre patience détruite depuis des années, il y a beaucoup d'éjaculations à venir, et nous menaçons de visiter la France
au moment le plus inattendu.