LES CHRONIQUES D'HYPNAS
BLITZ! - Numéro 35
Instant Lake – Dystodream – 2020
Retour de ce splendide groupe originaire de Sao Paulo avec un second album beaucoup plus synthétique que « Refractory » sorti en 2017. En fait le quatuor s’est forgé un son nettement plus personnel. Le titre « Intro » annonce la couleur.
L’ordre des morceaux est absolument parfait, il y a une excellente cohérence.
Le magnifique « Delicate Obscenity » se veut une transition car on y retrouve un son proche de l’album précédent.
« Death To Slavery » reste lui aussi dans une veine extrêmement sombre et glaciale mais les nappes de synthé se font plus présentes. Ce titre est fabuleux.
Avec « Trauma », on aborde un climat nouveau, plus électronique mais à dose homéopathique. La basse reste assez dominante malgré tout. La voix de Gennaro est remarquable.
Virage avec « Blackflag » ou les machines sont clairement plus accentuées. Un titre plus dansant mais pas spécialement calibré dance-floor.
Retour d’une Coldwave appuyée (avec des accents Goth) avec le très bon « Ludopathia »
. « White Noise » remet au premier plan une atmosphère électro avec une rythmique très marquée. Par moments on glisse vers une New Wave de bon aloi.
L’album se clôt avec un morceau plus lent, une aura très Gothique. « Tirsch » est plus funeste et désenchanté. De cette détresse se dégage une grande beauté. C’est majestueux !
LIENS :
https://waverecords.bandcamp.com/album/w099-instant-lake-dystodream
https://www.facebook.com/instantlake/
https://soundcloud.com/user-914407505/sets/instant-lake-refractory-full-album
Naut – Threads/Hand In Hand – 2020
Groupe de Bristol apparu en 2018. Après deux EP, la formation revient très en forme avec un single terriblement efficace.
Leurs influences voguent vers un télescopage entre Play Dead et Killing Joke (première période). D’ailleurs je vous invite fortement à écouter leurs précédentes productions.
Dès les premières notes de «Threads”, on replonge direct au début des eighties et c’est vraiment revigorant.
Avec « Hand In Hand”, C’est encore plus flagrant et magique. Un titre énergique que l’on a envie d’écouter en boucle.
Énorme coup de cœur pour ma part !!!
LIENS :
https://nautuk.bandcamp.com/
https://www.facebook.com/NAUTUK/
https://open.spotify.com/artist/1NHlVIfqiR7OiBtUkloOa5?si=qTKPbcvfTGu8W_31lPG9_A
Belarus – Piezas Sobrantes - 2020
Nouveau trio provenant de Rosario en Argentine et qui propose un remarquable 6 titres.
Le groupe pratique une irrésistible Coldwave avec des titres courts mais formidablement réussis.
« El Sello » ouvre le bal pour un embarquement au pays du froid. On découvre immédiatement la dextérité du guitariste/chanteur Sebastian. L’espagnol a toujours donné un charme spécifique à ce courant musical.
« Hartazgo » prolonge ce voyage glacé qui transporte si facilement. La voix se fait plus plaintive. Un enchantement.
Le titre « Décima » touche l’excellence. L’accord de basse qui débute le morceau et qui revient régulièrement est une vraie merveille. Une vraie pointure.
Avec « Desencantos » on continue d’être porté. Impossible de ne pas percevoir cette fluidité très présente à nouveau. Il y a un indubitable savoir faire.
« La Caida » est plus énergique et laisse à la guitare tout le loisir de s’exprimer pour le plus grand plaisir de l’auditeur.
Pour clore cette odyssée, « A Quien » est parfait ! la mélancolie du groupe transpire puissamment. Sebastian laisse glisser sa voix vers un spleen délicat et délicieux.
J’attends la suite avec la plus grande des impatiences.
LIENS :
https://belarusok.bandcamp.com/releases
https://www.facebook.com/BelarusBanda/
Lantre - Mountainward - 2020
On reste dans un total esprit Coldwave avec ce prodigieux nouveau duo qui nous arrive d’Alkmaar aux Pays-Bas avec un premier 6 titres.
Dès les premières secondes de « The Distance », l’obscurité domine l’ensemble. La basse est magnifiquement tranchante. La voix aérienne et tourmentée est absolument magistrale.
L’ambiance devient encore plus ténébreuse avec « Under The Morning Sun ». Le chant devient encore plus captivant et spectral. Un fascinant voyage que l’on voudrait sans fin.
La voix de Valentjin s’ajoute judicieusement pour « Montainward ». Cette dualité fonctionne à merveille et parfume de manière délectable ce titre funéraire.
On continue de s’avancer sur l’iceberg Lantre avec « Queer Hybrid Witches ». Morceau néanmoins plus atmosphérique qui glisse doucement vers l’amertume comme lorsqu’on retrouve une vieille photo d’un passé révolu. Une merveille !
Retour vers un son plus caverneux avec « Sedation ». Un climat plus recueilli. Une sensation de s’éloigner inéluctablement d’un endroit où l’on aurait voulu rester. De la belle ouvrage !
Mettre un remix de « The Distance » pour terminer ce mini-lp n’est pas spécialement une idée géniale mais on peut passer l’éponge tant le reste est grandiose !
LIENS :
https://lantrewave.bandcamp.com/releases
https://www.facebook.com/coldcasecassettes/?ref=py_c
The Cold Field – Black River – 2020
Voici une autre entité sonore qui elle aussi débute. Il s’agit d’un duo qui a vu le jour à Adélaïde en Australie.
Nous restons dans les contrées glacées d’une Cold/Shoegaze. L’univers que nous propose The Cold Field est un pur bonheur.
On débute avec le très mouvementé et imparable « Hunters ». Le décollage se fait avec une rythmique féroce, une basse irrésistible, une guitare cosmique et la voix éthérée de Ian. Le décor est planté.
Délicat apaisement avec « No More Shame ». Ce titre sonne une invitation à connaître davantage les méandres de leurs créations et l’émotion qu’elles procurent. Un régal.
Belle et longue intro pour « They Thrived ». La voix se fait plus sombre et moins présente. Assez dansant tout en plongeant dans la réflexion.
Incitant aussi à l’approfondissement de cet état méditatif, « Abundance » est une indiscutable réussite.
« Puppet Pulls The Strings » est le titre le plus abouti. Le côté Shoegaze plutôt en filigrane jusqu'à présent se dévoile beaucoup plus. L’atmosphère est forte, on sent comme une sorte d’urgence, le synthé se fait inquiétant. La voix de Ian rassure en liant le tout de manière somptueuse.
Plus aérien et serein, « They Will Hunt You Down » est comme un rêve féerique ou l’on survolerait un paysage sans fin. Il y a une réelle profondeur. Vraiment très beau !
Le sombre s’installe en force avec « News Hive ». Le tempo est plus incisif, la guitare plus en retenue pour une basse plus mordante et percutante.
L’air ne se réchauffe pas avec le titre final, « Nevermore » dans une lignée assez proche du titre précédent. Il y a une certaine rudesse qui renforce cette noirceur. L’album se termine en beauté !
LIENS :
https://thecoldfield.bandcamp.com/releases
https://www.facebook.com/thecoldfieldadelaide/
https://thecoldfield.hearnow.com/
Parasomnia – Parasomnia – 2020
Premier EP de ce combo qui débarque de Santiago après deux singles parus en 2019.
On sent nettement un savoir faire et une grande assurance pour ce magnifique 5 titres entre Coldwave et Dark Punk.
Cela débute sur les chapeaux de roues avec le percutant « Ritual » et son intro quasi-tribale. Un titre vraiment très vigoureux avec une voix qui porte comme un désespoir. Une parfaite entrée en matière !
On continue cette pérégrination avec « 10 De Julio » et sa rythmique martelée hyper pêchue. Vocalement on peut penser par moment à Jaz Coleman (toute proportion gardée).
Puis vient « Huir ». Une ambiance apaisée pour débuter suivie d'une envolée grâce à la guitare au son cristallin. Un vrai régal.
« Nada Existe » nous replonge dans l’énergie pure. Le chant lui aussi se fait plus mordant. Il est difficile de se retenir de danser. Une splendeur ce titre !
On termine ce délice sonore en compagnie de « Perros Imaginarios ». La encore on peut capter une influence de Killing Joke (première époque) ce qui est loin de me déplaire. Le groupe démontre à nouveau sa grande puissance.
Une totale délectation !!! gros coup de cœur !!!
LIENS :
https://parasomnia-ruido.bandcamp.com/album/parasomnia
https://www.facebook.com/parasomnia.ruido/
Shadow Figure – Accept & Kneel – 2020
Tout nouveau one-man band (très prometteur) en la personne de Will Killingsworth et vivant à Brooklyn.
Après une première démo en avril dernier, il revient en force avec ce premier EP qui est une prodigieuse réussite.
Une atmosphère Gothique règne sur cette production.
Fougueux démarrage avec « Purgatory », un titre particulièrement nébuleux. Le tempo spécialement véhément et irrésistible. De plus la voix de Will est éclatante.
Il s’ensuit « Empty Free », un titre avec une intro Coldwave. Moins remuant mais d’une remarquable profondeur. Vocalement c’est toujours aussi envoûtant.
On continue avec bonheur grâce à « Into The World ». Bondissant et obscur ce morceau délivre une délicieuse mélancolie.
Pour clore cet EP, « Come Down (Yeah) » est parfait. C’est plus vaporeux tout en restant d’une grande vitalité. On sent plus que jamais la virtuosité du monsieur.
À se procurer d’urgence !
LIENS :
https://shadowfigurenyc.bandcamp.com/album/accept-kneel-2?fbclid=IwAR3q419IO2utom5wYQgOYyok0CvIEvafYwF7zoAJBHKUrLOPVL6TDqidxbc
https://whitelight-whiteheat.com/new-music/track-of-the-day-shadow-figure-come-down-yeah/
Phantom Veil – Fragments – 2020
Un certain Jackson Heath, de Oakland (Californie), est à l’initiative de ce tout nouveau projet. Un très beau premier EP avec des sonorités proches de notre Touching-Pop nationale.
« Tragic Dance » permet d’entrer dans le vif du sujet. Très rythmé et tourmenté en même temps. La voix sonne comme une plainte lointaine. On ne peut s’empêcher de penser à un univers poétique et romantique.
Beaucoup plus de plénitude à l’écoute de « Periphery ». Atmosphère cotonneuse qui ondule et vous transperce. Surtout ne pas lutter... juste se laisser aller. Un délice.
Coup de fouet avec le début de « Reflected In Fragments ». Un spleen ravageur se propage davantage pour le plus grand bonheur des oreilles. Là aussi, il suffit de se laisser porter.
L’aspect aérien est plus que jamais présent à l’écoute de « Dystalgia ». La guitare voluptueuse distille sa brume et sa froideur pour un voyage que l’on voudrait sans fin.
Le morceau le plus sombre, « Sea Of Depression » ferme la marche. La voix de Jackson se fait plus grave mais reste plus qu’attractive. Exquise addiction.
J’en redemande !
Renmin Ribao – Who Controls ? – 2020
Toute nouvelle formation arrivant de Pologne avec un 3 titres courts mais qui font plus que retenir l’attention.
Tout d’abord « Crush » et son climat tendu et désespéré. La voix troublante et désincarnée accentue ce côté funeste. On se croirait à Manchester à l’aube des années 80.
Le titre « Afterimages » commence par une sorte d’appel téléphonique puis le groupe envoi un son très musclé et d’une grande assurance. Captivant !
« Who Controls ? » referme cette première apparition avec une délectable amertume et une tension ultra-palpable.
Un groupe à suivre impérativement !
LIENS :
https://homemort.bandcamp.com/album/who-controls
https://www.facebook.com/Renmin-Ribao-101341114893326/
https://open.spotify.com/album/6vv0BwAXRH4OgvvbEBMwAA
Death’s Head – Entomophagy – 2020
Premier EP après deux singles et un album pour ce one man band vivant à Oakland en Californie.
Sur une base Cold, l’artiste flirte beaucoup avec le Deathrock.
On le sent fortement des le premier titre « I Miss The Cold ». Une basse dominante et cette voix fragile pleine de détresse et de tourments qui retentit encore davantage avec l’écho plus que présent.
« In Vacuity » propage encore plus loin cette sensation de malaise, comme une plaie remplie de désespérance. Un titre habile vraiment prenant.
L’ambiance reste très sombre avec « The Flies Are Watching ». La détresse se veut quasiment rassurante et on prend un immense plaisir à s’y complaire. Dommage que le morceau soit si court.
On termine en beauté avec le fabuleux « Cordyceps » avec une intro très Coldwave. La rythmique est vraiment réussie et permet de clore ce 4 titres dans une noirceur bienveillante.
LIENS :
https://deathshead.bandcamp.com/album/entomophagy
https://open.spotify.com/artist/4QuTGBF8wALHYh2nPj3JH3
Quarter Life – Cult’s Guide Book – 2020
Voici le projet d’un seul homme se nommant Mierul et qui provient de Kuantan en Malaisie.
Il a commencé ses activités en 2019 avec un EP (éponyme) et un single reprenant le mythique « Love Like Blood » de Killing Joke.
L’artiste en dit long sur ses intentions avec le titre instrumental « Abyss » synthétique, planant et mystérieux.
On passe la vitesse supérieure avec « Decision » et ses accords qui peuvent faire penser aux Chameleons par moments. L’ensemble est très dynamique et vraiment fluide.
Une douce mais profonde amertume en écoutant « Word ». Il y a une forte puissance émotionnelle qui émane de ce titre d’une grande beauté.
Une certaine souffrance transparaît dans « Apart » mais donne aussi une possible trace de lumière. Le chant est un peu plus en retrait. Belle réussite.
On redécolle avec le brillant « Satisfied ». Le ton est plus nerveux et percutant. Une composition plus travaillée. Sans doute le point fort du EP.
Avec ce « I Ran (So Far Away) », ce 6 titres finit en beauté. Mierul démontre ses grands talents de musicien avec ce titre qui mêle de manière astucieuse force, spleen et envolée céleste. Une pure merveille.
LIEN :
https://quarterlife80.bandcamp.com/album/cults-guide-book