BLITZ!

LES CHRONIQUES DE L´ADEPTE
BLITZ! numéro 20

DEAD CAN DANCE « Dead Can Dance/Garden of the Arcane Delight » – (1984 4AD-CAD404/remastered edition 2007 CAD2705)

Dead Can Dance (DCD pour les intimes) est à l´origine un duo formé à Melbourne en Australie par Brendan Perry (originaire de Nouvelle-Zélande) et Lisa Gerrard (qui a grandi dans un quartier gréco-turc dans cette même ville). Cette dernière gardera de son adolescence à Melbourne une influence moyen-orientale en jouant diverses percussions et un instrument relativement méconnu, le yang´chin, un instrument proche du dulcimer (l´équivalent de l´épinette des Vosges dans notre pays). Quand à Brendan, venant du punk rock, il joue de la guitare et chante, tout comme Lisa qui a un don pour le chant (elle chante parfois dans des langages inconnus).

Ils recrutent le percussionniste Peter Ulrich (souvent présent à leur côté), ainsi que le batteur James Pinker (ex percussionniste de SPK en live) et le bassiste Scott Rodger, partant s´exiler à Londres faute de reconnaissance en Australie. C´est en jouant en première partie des Cocteau Twins qu´ils signent officiellement un contrat avec le label 4AD en 1983. Suivra L´enregistrement du premier album éponyme (produit par DCD avec la voix de Brendan et sa guitare noyées dans d´énormes effets de réverbération !).

Le titre ouvrant l´album est un instrumental, d´excellente facture : « The Fatal Impact », qui était déjà paru en 1981 en version demo sur la double compilation cassette Fast Forward. Seuls les titres « Frontier » (dont il existe également une très bonne version démo datant elle aussi de 1981), à l´apport de percussions massif et « Wild in the Woods » auront un son digne de ce nom : la batterie de James Pinker sonnant comme une boîte à rythmes et la basse de Scott Roger restant à l´arrière plan (ces deux derniers quitteront le groupe dès 1985 pour retourner en Australie fonder le groupe mythique Heavenly Bodies). On retiendra de cet album, paru en février 1984 les excellents « A Passage in Time » (qui donnera son nom à une compilation en 1991) et le fameux « Musica Eternal », concluant l´album.

Le E.P « Garden of the Arcane Delights » suivant de près l´album (toujours en 1984) sera lui bien mieux produit, on retrouve Kenny Jones (producteur d´Opposition) au mixage. On n´oubliera pas de sitôt ce 4 titres avec des morceaux d´exception dont « In Power We Entrust the Love Advocated », repris maintes fois notamment par le groupe hollandais The Gathering dans une excellente version uptempo !... L´album, sur lequel figure cet E.P en bonus (il en existe une version japonaise avec obi ne comprenant pas celui-ci), est dédié à John (Fryer) l´ingénieur du son, à Ivo (le boss de 4AD), ainsi qu´à Robin (Guthrie de Cocteau Twins). Malgré un son laissant quelque peu à désirer (le groupe confiera la production des albums suivants à John A. Rivers), un album magique et magistral !

Nota Bene : Le label anglais 4AD poursuit sa série de réédition du back catalogue de Dead Can Dance en rééditant actuellement l´unique E.P du groupe à ce jour, « Garden of the Arcane Delights » agrémenté cette fois des deux Peel sessions (dans leur intégralité) à la fois en CD et en vinyle.

Sur le web : www.deadcandance.com (site officiel) ainsi que www.dead-can-dance.com

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CINDYTALK « Camouflage Heart »
(1984 Midnight Music/2007 Weesht-Shh702, distribution:Abraxas)

Cindytalk est un groupe écossais formé autour de Gordon Sharp (piano/voix) que l´on a pu apercevoir (voire entendre) aux côtés de Cocteau Twins et de This Mortal Coil (sur l´album « It´ll End in Tears »). Ce disque, paru en 1984 est le premier d´une discographie hiératique (un album tous les 2 ou 3 ans). S´ajoutent à la voix si particulière de ce dernier la guitare de David Clancy et la basse de John Byrne (les autres instruments, dont les percussions étant jouées par les 3 membres).

L´album « Camouflage Heart » démarre en toute puissance avec le désormais classsique « It´s Luxury ». Le titre suivant, « Instinct » (backtosense) indique clairement l´atmosphère de l´album : glacé et oppressant avec des climats rappelant les premiers films de David Lynch (« Eraserhead » notamment). « Underglass », le titre le plus « énervé », empli de folie voit la participation de Mick Harvey (alors dans les Bad Seeds de Nick Cave) à la batterie avec le son d´un sax hanté ! « Memories of Skin and Snow » est aussi un titre uptempo avec des sons de guitares tranchantes comme des lames de rasoir. Le très beau et envoûtant « The Spirit Behind the Circus Dream » venant clôre la première face de fort belle manière avec quelques notes de piano.

Excepté « Everybody is Christ » (datant de 1982) un morceau lui aussi hanté et sombre à la fois, le reste du disque laisse la part belle aux atmosphères étranges et perturbées, comme le démontre « Disintegrate... » un titre de toute beauté qui marque la fin de « Camouflage Heart » et annonce le calme avant la tempête des deux albums suivants (notamment le double LP de 1988, « In This World »). Un autre disque indispensable de cette année 1984.

Sur le net : www.cindytalk.com

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THE CURE « Pornography » (Deluxe Edition)
(2CD, 2006 Universal Music Group)

« Pornography » est la 3e partie de la « trilogie de glace » entamée en 1980 avec « Seventeen Seconds », suivi de l´album « Faith » (1981). Depuis ce dernier, THE CURE se résume à un trio : Robert Smith bien sûr (guitares, chant et claviers), Laurence Tolhurst (batterie et claviers) et Simon Gallup à la basse. Disque à part dans la discographie des Cure, cet album atteint un certain paroxysme, un point de rupture, pour ne pas dire de non retour. Les tensions au sein du groupe sont palpables et cela se ressent dans leur musique.

« One Hundred Years », d´abord représente un sommet rarement atteint de tourments.
D´autres titres, comme « The Figurehead », « The Hanging Garden » ou « Pornography » ne laissent guère d´échappatoires (« It doesn´t matter if we All Die » chante Robert Smith sur « One Hundred Years » qui ouvre donc cet album). Fort heureusement, des titres plus accessibles tels « A Strange Day », « Cold » ou « Siamese Twins » reposent un peu les oreilles de l´auditeur peu habituées à ce traitement de choc. Simon Gallup quittera d´ailleurs le groupe peu après et leur musique ne sera plus jamais la même (plus pop dès le single suivant « Let´s Go to Bed ») et cet album fera office de testament pour nombre de fans.

Cette édition deluxe propose un CD bonus avec moult inédits et lives (dont certain titres au son pas très propre mais figés dans l´instant). Après quelques démos au son passable, 1ère surprise : un titre nommé « Temptation » (faisant suite à l´extraordinaire instrumental « Demise ») ; « Temptation » serait la version démo (pas mal pour une démo) du single suivant « Let´s Go to Bed ». « The Figurehead » sonne comme du Cure période « Faith » puisqu´enregistré en décembre 1981 (on rappelle pour mémoire que « Pornography », produit par Phil Thornalley, ne sera publié qu´en mai 1982). Ce son de « Faith » est encore plus présent sur la version studio démo de « The Hanging Garden », très différente de la version originale !

La version studio démo de « One Hundred Years » est elle aussi impressionnante avec sa boîte à rythmes et le synthétiseur joués apparement par Lol, avoisinant les 7 minutes. « Airlock », qui part en vrille (du grand n´importe quoi !) serait la musique d´une pièce de théâtre (on se rappelle de la B.O de « Carnage Visors » avec également une boîte à rythmes qui figure sur la version Deluxe de « Faith »). On passera donc sur les extraits live au son exécrable (excepté « A Short Term Effect » et « Siamese Twins ») pour terminer sur « Temptation 2 » dans une version cette fois chantée rappelant effectivement « Let´s Go to Bed » dans les paroles.

Suite à cet album dantesque le groupe implosera, Robert Smith rejoignant alors de nouveau les Banshees, puis on le retrouvera également en 1983 dans l´expérience psychédélique de The Glove (qui influencera énormément l´album suivant « The Top ») mais ceci est une autre histoire dont nous vous parlerons dans un prochain numéro de BLITZ!.

Et toujours : www.thecure.com

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