BLITZ!

BLITZ! Numéro 10

Les chroniques du Général Hiver

Gabi Delgado « 1 » (1 CD – Golden Core / ZYX)

1

Disponible dans les bacs des disquaires depuis le 28 février dernier, le second album solo (après « Mistress », sorti en 1983) du chanteur de DAF (Deutsche Amerikanische Freundschaft, « Amitié germano-américaine »), met un terme à 31 ans de silence et nous permet de retrouver un âge d´or où, dans l´insouciante vitalité de notre jeunesse (« vivid and in our prime », pour plagier Morrissey), nous nous trémoussions sur des titres comme « Der Mussolini » ou « El Que ».

Cet opus, sobrement intitulé « 1 », propose une musique inventive, avec ses 18 titres aux accents variés, parfois subtilement pop et très dansants (« Nebelmaschine », par ailleurs superbement remixé par In Strict Confidence, « Puppen », « Die Zukunft », ou encore « Traum », qui pourrait évoquer The Beloved ou Moby), quelquefois plus calmes mais toujours électroniques (« Barbarella »), et enfin estampillés EBM, minimalistes et proches des ambiances générées par DAF au temps de sa splendeur (le très puissant et tribal « Sex Kamikaze », idéal pour booster une séance de fitness, ou l´énergique et obsessionnel « Lippenstift »). Nous mentionnerons aussi l´excellent « Nichtgedicht », à l´atmosphère proche des meilleurs titres d´Absolute Body Control.

Fidèle à la langue de Goethe tout au long de ce disque, Gabi Delgado mérite indéniablement de commencer une seconde carrière avec « 1 », qui sortira en version vinyle le 11 avril prochain suivi, le 10 mai, d´un nouvel album disponible en téléchargement gratuit et laconiquement intitulé « X ». Cette grande activité pourrait générer une tournée, nous nous tiendrons aux aguets.

Sur la Toile : http://gabidelgado.com/

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Soft Cell « The very best of » (1 CD – Mercury Records 586-912-2)

The Very Best of Soft Cell

Cette compilation officielle, initialement parue le 16 avril 2002, rassemble la plupart des singles du duo composé de Marc Almond et Dave Ball. De leur propre aveu, les deux musiciens ont toujours aimé la « dance music », et revendiquent sans complexe l´influence du mouvement disco.

Cette profession de foi est confirmée d´emblée par le très bon titre « Memorabilia », petit bijou mêlant une synth pop inventive et une rythmique quasi funky. Le second morceau est l´intemporel « Tainted Love », magistral. Cette compilation réserve d´autres moments très agréables, comme « Say hello, wave goodbye », qui met en relief le beau timbre de voix de Marc Almond, sur une mélodie qu´aurait pu créer Vince Clarke, et fait l´objet d´un remix convaincant quoique plus rapide, « Sex Dwarf », très dansant et non dépourvu d´humour, ou encore « What? », aux claviers particulièrement soignés.

Morrissey « Your Arsenal » (1 CD et 1 DVD – Parlophone CDCSDX 3790)

Your Arsenal

Sorti en juillet 1992, cet album fait l´objet d´une réédition en étui cartonné, accompagné d´un DVD qui nous replonge dans l´ambiance d´un concert daté du 31 octobre 1991, inédit jusqu´ici, enregistré à l´Amphithéâtre Shoreline de Mountain View, Californie.

L´album, produit par Mick Ronson, guitariste des Spiders from Mars, a permis à Morrissey de confirmer son statut d´artiste solo, après avoir été le leader des Smiths, sur le marché américain.

Il s´était classé no21 dans les charts US, et no4 au Royaume-Uni.

Nous y retrouvons plusieurs titres très rock (« You´re gonna need someone on your side », « Glamorous Glue ») et des morceaux pop où l´artiste jongle avec les mots et lance des traits d´humour caustique (« We hate it when our friends become successful », « You´re the one for me, Fatty »).

À noter : le mix américain de « Tomorrow » remplace fort opportunément sur cette édition la version originale moins réussie.

S´agissant du concert, nous avons particulièrement apprécié les versions de « Alsatian Cousin », très sombre, et de « Angel, Angel, down we go together », à l´envoûtante beauté triste. Morrissey, we love you more than life...

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Concert Cold Cave/Nine Inch Nails – Paris, Zénith 29 mai 2014

Billet du Concert Cold Cave/9 Inch Nails

La soirée promettait d´être animée, dans un Zénith plein à craquer.

Cold Cave, la formation de Wesley Eisold, nous administra un set très énergique, avec notamment l´excellent « A Little Death to Laugh », dont le lyrisme « noir comme la sépia de la seiche », comme aurait pu l´écrire Nietzsche, nous combla. Cold Cave a cette particularité de proposer des titres solaires ou très sombres.

Au terme des 37 minutes de sa performance, le virevoltant Wesley Eisold remercia le public et annonça qu´il serait de retour l´an prochain. Le nouvel album n´est en effet pas encore terminé (voir interview dans ce numéro de BLITZ!).

Puis ce fut le tour de Nine Inch Nails d´entrer en scène, devant un public tout acquis à sa cause. La setlist, essentiellement constituée de titres métal et agressifs (dont « Head Like a Hole » fut l´un des plus calmes), comporta tout de même quelques moments de grâce où la voix de Trent Reznor vibre de la plus belle émotion : « Find My Way » ou le splendide « Hurt », qui clôtura le concert, ont pu nous donner des frissons. Nous avons déploré l´absence de titres au tempo et à l´intensité intermédiaires, tels « Sunspots » ou « Discipline », mais le combo américain était manifestement venu pour faire du bruit. Toutefois, nous nous sommes réjouis du succès des titres issus de l´album « The Downward Spiral », qui ont fait se lever le public du Zénith, la palme revenant sans surprise à « Closer », interprété sur un fond lumineux rouge comme la lave en fusion.

Général Hiver