BLITZ!

DOSSIER BLITZ! numéro 15

par le Général Hiver

LEBANON HANOVER/FABRIKA RECORDS :
À l'EST, DU NOUVEAU !

Le duo LEBANON HANOVER (Larissa Iceglass et William Maybelline, dont les noms véritables sont Larissa Georgiou et William Morris) propose depuis 2011 une musique très influencée par le post-punk et la cold wave.

La sortie de « Besides The Abyss », son quatrième album, en mars 2015, nous donne l´occasion de présenter ce groupe et son label Fabrika Records, basé à Athènes.

LEBANON HANOVER : discographie

Lebanon Hanover, La Fête Triste

Septembre 2011 : Le label Aufnahme+Wiedergabe sort une split K7 sur laquelle les groupes Lebanon Hanover et La Fête Triste interprètent 4 morceaux chacun.

Larissa et William posent les bases de leur musique froide : mélodies lugubres jouées au synthétiseur (dont le son rappelle Click Click), voix caverneuse de William, mélancolie persistante. Le premier morceau s´intitule « Totally Alive », le dernier « Totally Tot », dont la froideur s´enrichit d´effets industriels bienvenus : la boucle est bouclée…

Février 2012 : The World is getting colder

Lebanon Hanover, The World

Le duo commence sa collaboration avec le label Fabrika Records, pour ce premier album de onze titres froids, diffusant une ambiance qui n´est pas sans rappeler le « Seventeen Seconds » de The Cure. Les deux versions de « Die World », l´une interprétée par Larissa et l´autre par William, sont excellentes, et nous avons de surcroît le plaisir de retrouver « Totally Tot ».

Octobre 2012 : Why Not Just Be Solo

Lebanon Hanover, Why Not Just Be Solo

Le deuxième album s´inscrit dans la droite ligne de son prédécesseur avec onze nouveaux morceaux, dont le fabuleux « Albatross » avec ses parties de guitares endiablées et sa boîte à rythmes régulière comme le Doktor Avalanche, et l´introspectif « Saddest Smile », dont les thèmes principaux sont le doute et le manque de confiance en soi.

Février 2013 : Gallowdance

Lebanon Hanover, Gallowdance

« Gallowdance » est un EP 2 titres, sorti au format vinyle 7 pouces et pressé à 300 exemplaires. La chanson éponyme, interprétée par Larissa avec des vocalises dignes de Siouxsie, est dansante, alors que dans « Midnight Creature », William nous transmet son spleen racé, particulièrement contagieux.

Septembre 2013 : Tomb For Two

Lebanon Hanover, Tomb For Two

L´album « Tomb For Two » reprend les deux morceaux de « Gallowdance » et comporte, entre autres perles cold, l´excellent « I Believe You Can survive », dont l´élégante mélancolie annonce déjà le prochain et splendide album, « Besides The Abyss », la marche plaintive « Autofocus Has Ruined Quality », et le lancinant titre qui clôt l´album, « Invite Me To Your Country », dans une ambiance glaciale digne de X-Mal Deutschland.

Mars 2015 : Besides The Abyss

Lebanon Hanover, Besides The Abyss

Interview : LEBANON HANOVER

Tout d´abord, nous voulons vous dire que « Besides the Abyss » est tellement bon qu´il ne quitte plus notre platine ! Vous avez créé un album merveilleux, où la tristesse des vocaux est soutenue par une musique de très haut niveau, dans le style des années 80. Pouvez-vous nous dire si la musique a été composée avant les paroles, ou l´inverse ?

L. Iceglass : Hello, merci, je suis ravie qu´il ait été bien accueilli… La musique et les paroles viennent en même temps habituellement. Par exemple, je n´écris jamais les paroles, elles proviennent de mes sentiments quand je chante et ressens la chanson. Cet album a naturellement évolué en deux parties : la face A, sombre, et la face B, plus positive. Les paroles des premières chansons sont plus mélancoliques et les suivantes sont plus optimistes.

Depuis 2011, vous avez développé un son principalement influencé par le style post-punk et cold wave, avec des textes assez dépressifs. Quelles sont vos influences majeures, tant musicales que littéraires ?

W. Maybelline : C´est difficile à dire avec précision. J´ai apprécié des morceaux de Trop Tard, parmi d´autres morceaux obscurs des années 80 dont je ne connais même pas le nom. Je m´inspire surtout de la brutalité de notre environnement, de nos situations dans la vie moderne. Rien de mystique, mais des choses très réelles et parfois effrayantes.

L. Iceglass : La vie au XXIe siècle, désespérante, est une source naturelle d´inspiration. Nous ressentons les choses différemment de la plupart des gens et nous créons à partir de cela. Les groupes que j´adore sont Alphaville, FSK, The Actor, The Smiths.

Alors que vos précédents albums, en particulier « Tomb for Two » proposaient des changements de style, avec parfois des éléments expérimentaux, il nous semble que « Besides the Abyss » est plus homogène, et que la plupart de ses chansons (sauf Broken Characters ») portent un sentiment froid et mélancolique. Est-ce votre avis ?

L. Iceglass : Sur cet album, nous avons décidé de mettre moins de titres pour dancefloors et de lui donner une tonalité plus atmosphérique, sombre et avec un tempo plus lent. Je suis d´accord avec le fait qu´il est plus homogène, comme l´était « Why Not Just Be Solo ».

Sur « The Moor », vous utilisez un saxophone, agréable souvenir des chansons des années 80. A l´avenir, allez-vous l´utiliser à nouveau ou cela restera-t-il une expérience unique ?

W. Maybelline : Il pourra être intéressant de l´utiliser à nouveau, mais c´est difficile à dire maintenant car les idées nous viennent parfois de manière très spontanée.

Vous avez joué à Paris en mars cette année. Etait-ce votre premier concert en France ? Que pensez-vous du public français ?

W. Maybelline : Je crois que c´était la 4e fois. Le public français est une force sauvage impossible à arrêter !

L. Iceglass : Nous avons aussi joué à Lyon et Rennes. C´est toujours très émouvant de jouer pour le public français, sensible et beau !

Le flyer de BLITZ!

INTERVIEW : FABRIKA RECORDS

Fabrika Records

Tout d´abord, nous voulons vous féliciter pour le design de votre site Internet (http://www.fabrikarecords.com/#home) ! Sa mise en page est superbe et le lecteur curieux prendra du plaisir à naviguer.

Joanna et Dimitris : Merci Blitz! Notre concepteur graphique sera ravi…

  1. Pourriez-vous nous dire, en quelques mots, comment et quand vous avez créé votre label ?
  2. J : En 2011, dans un petit club d´Athènes, j´avais réservé un groupe pour un concert. Dimitris s´occupait du son, et c´est ainsi que nous nous sommes rencontrés. Nous avons découvert notre passion pour la musique et nous avons ainsi donné au label « dead scarlet » que Dimitris gérait déjà, une petite sœur « Fabrika ».

  3. Vous avez choisi de réaliser des disques vinyle, parfois avec un lien de téléchargement. Que pensez-vous du format CD ?
  4. D : Nous sommes tous deux des collectionneurs de disques depuis longtemps, et nous sommes très attachés à ce support, ce qui ne signifie pas que nous rejetons la simplicité et les qualités du disque compact. Après tout, la plupart de nos sorties sont aussi disponibles en CD sur Dead Scarlet.

  5. Votre catalogue propose des groupes originaires de plusieurs pays européens comme la France, l´Ukraine, l´Allemagne ou la Grèce, et aussi des Etats-Unis. Comment les sélectionnez-vous et quels sont les traits communs à tous ces artistes ?
  6. J : La musique n´a pas de pays, elle n´en a pas besoin. Elle doit provoquer des émotions, créer une nouvelle réalité. Tu sais bien qu´il ne s´agit pas d´une musique joyeuse, elle reflète l´époque où nous vivons, elle est une psychothérapie. Tous les membres de la famille Fabrika se consacrent entièrement à la musique, tous sont autodidactes et mettent ce talent naturel au service de leur pure expression individuelle.

  7. Vous venez de presser 500 nouvelles copies de « Belirdi Gece », le premier album de She Past Away, le groupe turc bien connu. Allez-vous faire de même pour d´autres disques qui ne sont plus disponibles (comme le dernier album de Lebanon Hanover « Besides the Abyss ») ?
  8. D : Nous avons commencé par presser de petites quantités. Plus tard, nous avons découvert qu´il y a beaucoup de gens autour de nous qui ressentent les mêmes choses. Nous ne voyons pas la musique comme un article jetable, qui peut être acheté et vendu à des prix ridiculement bas. La musique doit être accessible à ses fans, donc si vous le demandez, nous continuerons de presser les disques que vous voulez écouter sur votre platine.

    Sur Internet :